Face à l’ampleur de la catastrophe qui a frappé Mayotte, le président Emmanuel Macron a décidé de rallonger son séjour dans ce département français de l’océan Indien, ravagé le 14 décembre par le cyclone Chido, le plus violent depuis 90 ans. Une décision motivée par la volonté d’être au plus près des habitants, partagés entre colère et désarroi devant l’immense chantier de reconstruction qui s’annonce.
Un bilan humain et matériel très lourd
Selon un bilan encore provisoire, le passage du cyclone Chido a fait au moins 31 morts et quelque 2 500 blessés à Mayotte. Mais comme l’a reconnu Emmanuel Macron, il est probable qu’il y ait en réalité beaucoup plus de victimes, en raison notamment de l’isolement de certaines localités de l’archipel. Les dégâts matériels sont également considérables, avec de nombreuses habitations précaires, souvent en tôle, qui ont été pulvérisées par les vents extrêmement violents.
Le chef de l’État, qui devait initialement ne passer qu’une journée à Mayotte, a été confronté pendant de longues heures jeudi à l’exaspération et même au désespoir de Mahorais ayant tout perdu. « Macron démission ! », « tu racontes des salades », « de l’eau, de l’eau, de l’eau », lui ont lancé des jeunes et des mères de famille en colère. Submergé par les doléances, Emmanuel Macron a fini par lâcher : « C’est pas moi le cyclone ! Je ne suis pas responsable ! ».
Un plan de reconstruction ambitieux
Pour répondre à cette situation d’urgence, le président a annoncé une série de mesures visant à enclencher rapidement la reconstruction de Mayotte. Il a promis qu’une « loi spéciale » serait adoptée pour « rebâtir » le département, en dérogeant aux règles habituelles pour réduire les délais et faciliter la construction, à l’image de ce qui a été fait pour les Jeux olympiques et la restauration de Notre-Dame de Paris.
Alors qu’Emmanuel Macron n’a pas fixé de calendrier précis à ce stade, son Premier ministre Edouard Philippe s’est montré plus ambitieux, évoquant un délai de reconstruction beaucoup plus court que les cinq ans envisagés initialement, « peut-être deux ans ». « J’espère qu’on y arrivera. C’est une tâche surhumaine, immense », a-t-il reconnu. Sur le terrain, le président a assuré que 50% de l’eau et de l’électricité seraient rétablis d’ici vendredi, même si cela pourrait prendre « plusieurs semaines » dans les communes les plus isolées.
Deuil national et lutte contre l’immigration clandestine
En signe de solidarité avec Mayotte, Emmanuel Macron a aussi annoncé qu’une journée de deuil national serait observée lundi dans toute la France, avec les drapeaux en berne et une minute de silence partout à la mi-journée. À moyen terme, il a réaffirmé sa volonté de « renforcer la lutte contre l’immigration clandestine », en augmentant les reconduites à la frontière qui pourraient presque doubler par rapport aux 22 000 effectuées en 2023.
Cette visite marathon du président à Mayotte, qui devait s’achever vendredi soir, aura donc été l’occasion de mesurer l’ampleur de la tâche à accomplir pour reconstruire ce territoire dévasté. Mais au-delà de l’urgence et de la réparation des dégâts, c’est aussi la question lancinante de la pauvreté et des inégalités qui ronge le département le plus pauvre de France qui se pose avec une acuité renouvelée. Un défi immense pour l’État et les élus locaux.
Les prochaines étapes du voyage présidentiel
Après cette visite intense de deux jours, Emmanuel Macron doit maintenant se rendre à Djibouti vendredi soir, où il est attendu sur la base militaire française pour partager le traditionnel repas de Noël avec les troupes déployées à l’étranger. Un contraste saisissant avec la situation dramatique que vit Mayotte et ses habitants meurtris.