Face à la pression croissante de parlementaires américains, les Émirats arabes unis ont finalement pris un engagement fort : ne plus armer les redoutables paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) au Soudan, un pays ravagé par un conflit sanglant depuis avril 2023. Une promesse qui soulève autant d’espoirs que d’interrogations.
Un revirement surprenant des Émirats
Jusqu’à présent, de nombreuses ONG et experts accusaient les Émirats de fournir en sous-main des armes aux FSR, malgré leurs démentis répétés. Mais selon Brett McGurk, haut responsable de la Maison Blanche pour le Moyen-Orient, Abou Dhabi aurait finalement décidé de changer son fusil d’épaule :
Malgré des informations reçues suggérant le contraire jusqu’ici, les Émirats arabes unis ont informé l’administration qu’ils ne transfèrent pas actuellement d’armes aux FSR et qu’ils ne le feraient pas à l’avenir.
Brett McGurk, dans une lettre au sénateur Chris Van Hollen
Un revirement pour le moins surprenant, alors que le petit émirat est régulièrement montré du doigt pour son soutien troubles aux paramilitaires soudanais. Sollicitée, l’ambassade émiratie à Washington n’a pas souhaité commenter cette information.
Un chantage des élus américains ?
Mais comment expliquer ce changement de cap soudain ? Il semblerait que les parlementaires américains aient trouvé le moyen de faire plier Abou Dhabi. Deux élus affirment en effet que les Émirats leur ont promis de répondre à leurs inquiétudes concernant le Soudan. Et ce, en échange de l’arrêt de leur tentative de bloquer des ventes d’armes américaines à l’émirat, pour un montant de 1,2 milliard de dollars.
Le sénateur démocrate Chris Van Hollen a expliqué avoir voulu utiliser ces contrats militaires comme « effet de levier » pour diminuer les violences au Soudan. Une guerre sanglante y oppose depuis avril l’armée régulière aux paramilitaires des FSR, faisant des dizaines de milliers de morts et plus de 11 millions de déplacés. Selon l’élu :
Sans le soutien des Émirats arabes unis, les FSR n’auraient pas les mêmes capacités pour mener cette guerre – rendant des négociations et un cessez-le-feu bien plus probables.
Sara Jacobs, élue démocrate
La crédibilité de la promesse en question
Reste à savoir si Abou Dhabi tiendra parole. Le coordinateur de la Maison Blanche Brett McGurk a promis d’évaluer la « crédibilité et la fiabilité de ces garanties » d’ici le 17 janvier, juste avant la passation de pouvoir entre Joe Biden et son successeur Donald Trump.
Les élus américains ont en tout cas averti qu’ils n’hésiteraient pas à réactiver leur « levier » des ventes d’armes si les Émirats ne respectaient pas leur engagement. Ils comptent « surveiller attentivement » la situation.
Une aide humanitaire américaine en parallèle
Cette annonce est intervenue le même jour qu’une promesse de Washington de débloquer 200 millions de dollars supplémentaires d’aide humanitaire pour le Soudan. Les États-Unis tentent ainsi d’agir sur plusieurs leviers pour tenter de réduire les souffrances du peuple soudanais.
Selon l’ONU, ce conflit a plongé le pays dans une catastrophe humanitaire, avec plus de la moitié de la population dépendant de l’assistance internationale pour survivre. Les besoins sont immenses en termes de nourriture, d’eau potable, de soins… Reste à espérer que les efforts diplomatiques et humanitaires finiront par porter leurs fruits, pour le bien des civils pris en étau.