Alors que la bande de Gaza est étranglée par un blocus total imposé par Israël, plongeant ses 2,4 millions d’habitants palestiniens dans une catastrophe humanitaire, la communauté internationale peine à leur fournir l’aide indispensable à leur survie. Face à cette situation critique, l’Assemblée générale des Nations Unies vient de saisir la Cour internationale de justice (CIJ) pour clarifier les obligations humanitaires d’Israël envers la population palestinienne.
L’ONU demande l’avis de la CIJ face aux entraves d’Israël à l’aide humanitaire
Le 22 décembre 2024, à une large majorité de 137 voix pour, 12 contre et 22 abstentions, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté une résolution, portée par la Norvège, demandant à la Cour internationale de justice de se prononcer sur ce qu’Israël est tenu de faire pour « garantir et faciliter l’acheminement sans entrave de l’approvisionnement indispensable à la survie de la population civile palestinienne ». Car les organisations humanitaires se heurtent aux strictes restrictions israéliennes sur les entrées d’aide à Gaza.
Bien que les décisions de la CIJ, plus haute juridiction de l’ONU, soient juridiquement contraignantes, cette dernière ne dispose cependant d’aucun moyen concret pour les faire respecter. Toutefois, en accentuant ainsi la pression diplomatique sur Israël, l’ONU espère faire évoluer la situation. D’autant que la Cour avait déjà rendu en juillet, dans une affaire distincte, un avis consultatif qualifiant d' »illégale » l’occupation israélienne du territoire palestinien.
Israël accusé d’entraver l’aide internationale
Contrôlant strictement toutes les entrées d’aide internationale dans la bande de Gaza, le gouvernement israélien reproche souvent leur incapacité à distribuer de grandes quantités d’aide aux organisations humanitaires. « C’est une catastrophe que la communauté internationale n’ait pas été en mesure de répondre de manière adéquate », déplore Andreas Kravik, vice-ministre norvégien des Affaires étrangères. « Ce n’est pas un manque de volonté de fournir une aide humanitaire, mais nous n’avons pas accès à Gaza et nous n’obtenons pas la collaboration dont nous avons besoin », regrette-t-il.
Une loi israélienne menace les opérations de l’Unrwa
La démarche norvégienne a été déclenchée par l’adoption en octobre par le Parlement israélien d’une loi interdisant, à partir de fin janvier 2025, à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) d’opérer sur le sol israélien et de se coordonner avec les autorités israéliennes. Celles-ci accusent des employés de l’Unrwa d’avoir participé au massacre perpétré le 7 octobre 2023 en Israël par le Hamas.
« Je ne sais pas ce qui va se passer si la loi entre en vigueur », s’inquiète Stephane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU. « L’Unicef et l’OMS ne peuvent pas remplacer les milliers d’enseignants et de professionnels de santé palestiniens qui travaillent pour l’Unrwa en Cisjordanie et à Gaza. C’est tout simplement impossible », avertit-il.
La CIJ est désormais instrumentalisée.
Danny Danon, ambassadeur israélien auprès des Nations Unies
Alors que l’Assemblée générale de l’ONU tente de faire bouger les lignes, Israël accuse la Cour internationale de justice d’être « instrumentalisée ». Le bras de fer diplomatique et juridique entre la communauté internationale et l’État hébreu autour de la question palestinienne est loin d’être terminé. Mais l’urgence humanitaire à Gaza n’attend pas.