Une décision qui ne passe pas inaperçue. L’Institut d’études politiques (IEP) de Strasbourg a annoncé renouveler son partenariat avec l’université Reichman de Herzlya en Israël, suscitant des réactions contrastées. Le Conseil d’administration de Sciences Po Strasbourg s’est réuni mercredi soir et a voté en faveur de la poursuite de cette coopération, malgré la suspension temporaire décidée en juin dernier sur fond de conflit à Gaza.
Un soutien réaffirmé malgré la controverse
Dans un communiqué, le directeur de l’IEP Jean-Philippe Heurtin a souligné que le texte adopté « réaffirme la confiance » de l’établissement envers l’université israélienne et exprime « son soutien à la poursuite du partenariat ». Une position saluée par Patrick Hetzel, ministre démissionnaire chargé de l’Enseignement supérieur, qui y voit « une décision salutaire » face « aux dérives partisanes ».
Mais cette décision est loin de faire l’unanimité. Cinq enseignants-chercheurs ont annoncé leur démission du conseil d’administration suite à ce vote. Dans un communiqué cinglant, ils dénoncent leur refus d’être « complices d’une université qui soutient le massacre de civils » et « des opérations militaires contraires au droit international à Gaza, au Liban et maintenant en Syrie ».
Les arguments avancés par Sciences Po Strasbourg
Pour justifier le maintien de ce partenariat controversé, le Conseil d’administration de l’IEP met en avant plusieurs arguments :
- Le caractère privé de l’université Reichman, garantissant son indépendance financière vis-à-vis du gouvernement israélien
- Un soutien aux forces armées israéliennes qui se limiterait à de l’aide humanitaire (denrées alimentaires, soutien psychologique) et une attention aux étudiants réservistes mobilisés
Des arguments qui peinent à convaincre les opposants à ce partenariat, qui y voient un soutien implicite à la politique israélienne dans la région.
Retour sur les origines de la polémique
La suspension initiale de ce partenariat avait été votée en juin dernier, dans un contexte de vives tensions liées au conflit à Gaza. Une motion étudiante avait alors dénoncé les positions « profondément bellicistes et dénuées de toute perspective humaniste » de l’université Reichman.
Si cette motion condamnait « sans réserve l’attaque terroriste subie par la population israélienne », elle pointait du doigt le soutien apporté par l’université partenaire aux opérations militaires en cours. Une prise de position qui avait conduit à geler temporairement les échanges entre les deux établissements.
Sciences Po Strasbourg sous pression
La décision de renouer ce partenariat place Sciences Po Strasbourg sous le feu des critiques. Un précédent Conseil d’administration début décembre avait déjà été perturbé par l’intrusion d’étudiants mobilisés contre cette coopération.
Au-delà des murs de l’IEP, ce dossier suscite aussi des réactions politiques. La suspension en juin avait été jugée « affligeante » par Jean-Noël Barrot, alors ministre des Affaires étrangères. À l’inverse, des voix s’élèvent pour dénoncer la reprise de ce partenariat perçu comme une caution apportée à la politique israélienne.
Un débat qui cristallise les tensions
Au final, la polémique autour de ce partenariat universitaire illustre la difficulté à coopérer sereinement sur fond de conflit israélo-palestinien. Entre enjeux académiques, considérations politiques et prises de positions tranchées, Sciences Po Strasbourg se retrouve au cœur d’un débat qui peine à trouver un consensus.
Une situation délicate pour cet Institut d’études politiques réputé, tiraillé entre volonté d’ouverture internationale et risque de se voir reprocher un soutien, même indirect, à une politique controversée. Un dossier qui continuera sans nul doute à faire couler beaucoup d’encre dans les semaines à venir.