Une sombre affaire ébranle le monde du rugby français. Deux jeunes internationaux, Oscar Jegou et Hugo Auradou, sont accusés de viol aggravé en réunion lors d’une soirée très alcoolisée en Argentine. Malgré un non-lieu rendu par la justice locale, l’avocate de la plaignante compte bien aller jusqu’au bout des recours possibles pour faire entendre sa cliente.
Des accusations graves lors d’une tournée du XV de France
Les faits se seraient déroulés dans la nuit du 6 au 7 juillet dernier à Mendoza, dans le nord-ouest de l’Argentine, après un match de l’équipe de France contre la sélection locale. Lors d’une soirée arrosée, une femme de 39 ans affirme avoir été agressée sexuellement dans l’hôtel où séjournaient plusieurs joueurs français.
Placés en détention provisoire puis assignés à résidence, Oscar Jegou et Hugo Auradou, âgés de seulement 21 ans, ont toujours clamé leur innocence et affirmé que la relation était consentie. Libérés en septembre, ils ont depuis pu rejouer avec leurs clubs respectifs de Pau et La Rochelle.
Un non-lieu controversé
Le 10 décembre, une juge de Mendoza a finalement prononcé un non-lieu en faveur des deux rugbymen, estimant que « l’acte enquêté ne constituait pas un délit », donc qu’il n’y avait pas eu viol. Une décision immédiatement contestée par l’avocate de la plaignante, Me Natacha Romano.
Nous avons des preuves en attente de production qui avaient même été ordonnées et, de manière surprenante, le procureur n’a pas voulu les produire
– Me Natacha Romano, avocate de la plaignante
Selon la défense des joueurs, la femme souffrirait d’une maladie hématologique la rendant sujette aux ecchymoses. Mais pour l’avocate, c’est bien la violence des agresseurs présumés qui est en cause, comme l’attesterait le rapport d’un hématologue.
Tous les recours seront épuisés
Me Romano a d’ores et déjà fait appel du non-lieu et compte bien aller jusqu’au bout des instances judiciaires argentines, quitte à saisir en dernier ressort la Commission interaméricaine des droits de l’homme. Sa cliente veut que toutes les preuves soient réévaluées.
L’avocate dénonce aussi les pressions psychologiques exercées avec la menace d’une plainte pour diffamation brandie par la défense des rugbymen, alors même que le nom et le prénom de la plaignante ont été rendus publics.
Cette affaire ternit l’image du XV de France et plus largement celle du rugby, souvent pointé du doigt pour son machisme. Au-delà du sort judiciaire des deux jeunes joueurs, c’est la parole des victimes présumées d’agressions sexuelles qui est en jeu.