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Mobilisation Pour Sauver Rillette, Un Sanglier Apprivoisé Menacé

Le destin de Rillette, une laie de 100 kg apprivoisée, émeut la France. Malgré une forte mobilisation pour empêcher son euthanasie, sa propriétaire risque de devoir s'en séparer. Retour sur une histoire qui questionne notre rapport aux animaux sauvages.

En France, l’histoire touchante d’un sanglier apprivoisé nommé Rillette suscite une vague d’émotion et de mobilisation sans précédent. Recueillie bébé par une femme passionnée d’animaux, cette laie de 100 kg est aujourd’hui menacée d’euthanasie par les autorités qui exigent son placement dans une structure adaptée. Un combat qui interroge sur la place des animaux sauvages auprès des humains.

L’incroyable destin de Rillette, de marcassin abandonné à animal de compagnie

Tout a commencé en avril 2023 lorsqu’Elodie Cappé, propriétaire d’une écurie près de Troyes, découvre un bébé sanglier au pied de ses poubelles. Attendrie, elle décide de le recueillir et le baptise Rillette. Au fil des mois, un lien indéfectible se tisse entre elle et l’animal qui s’habitue à la présence humaine. Dans son vaste enclos aménagé de 1000m2 avec clôtures électriques, la laie coule des jours paisibles, entourée de l’affection de sa bienfaitrice.

Mais en septembre, le destin de Rillette bascule. Après avoir voulu régulariser sa situation auprès de l’administration, Elodie Cappé se voit signifier qu’elle ne peut légalement pas garder un sanglier sauvage. On lui laisse deux mois pour placer l’animal dans une structure adaptée, sans quoi l’euthanasie sera envisagée. Un véritable crève-cœur pour sa propriétaire :

Je suis persuadée que Rillette, qui est désormais une adulte pesant 100 kg et habituée aux humains, se laisserait mourir si elle était transférée dans un parc.

– déclare Elodie Cappé à l’AFP

Une procédure de régularisation impossible

D’après la procureure de Troyes Julie Bernier, la détention de Rillette ne peut être autorisée car « seuls les animaux ayant une origine connue et licite peuvent prétendre à une autorisation de détention« , ce qui exclut de fait un sanglier « directement prélevé dans la nature« . Malgré la demande du parquet de remettre l’animal à une structure adaptée sous deux mois, Mme Cappé n’a pour l’instant pas donné suite.

Si la situation n’est pas régularisée, la procureure souligne qu’une euthanasie pourrait alors être envisagée en dernier recours. Un dénouement tragique qu’Elodie Cappé veut à tout prix éviter, elle qui s’est beaucoup attachée à Rillette et estime aller au-delà des normes requises pour l’accueillir dans de bonnes conditions.

Une mobilisation massive pour sauver la laie

Face à la menace qui pèse sur Rillette, un immense élan de solidarité s’est mis en place. Deux pétitions sur la plateforme change.org appelant à sauver le sanglier totalisent déjà plus de 155 000 signatures. Des personnalités comme l’actrice et défenseuse des animaux Brigitte Bardot ont également pris position, demandant publiquement la « grâce » pour Rillette.

Cette histoire n’est pas sans rappeler celles d’autres sangliers apprivoisés et menacés d’euthanasie qui ont marqué les esprits en France ces dernières années :

  • Maurice, autorisé en 2022 par la justice à rester dans sa famille d’accueil en Corrèze
  • Toto, confié cet été à un parc animalier du Pas-de-Calais après une forte mobilisation

À chaque fois, ces destins singuliers d’animaux sauvages élevés par des humains soulèvent de vives émotions et interrogent sur la frontière entre espèces. Si la loi considère qu’un sanglier n’a pas sa place comme animal de compagnie, les liens affectifs tissés plaident souvent pour une approche plus nuancée.

Repenser notre rapport aux animaux sauvages

Au-delà du combat d’Elodie Cappé pour sauver sa protégée, l’histoire de Rillette nous invite à repenser plus largement notre rapport à la faune sauvage. Comment trouver un équilibre entre protection des animaux, respect de leur mode de vie naturel et prise en compte de situations particulières nées de rencontres improbables avec l’Homme ?

Si le droit doit fixer un cadre général, les réglementations gagneraient sans doute à s’adapter aux réalités du terrain. Prendre en considération le bien-être de l’animal, son degré de socialisation mais aussi l’investissement de ceux qui l’ont recueilli permettrait d’éviter des décisions douloureuses et incomprises du grand public.

Quoi qu’il advienne de Rillette, son histoire aura eu le mérite de susciter le débat et de remettre en lumière la formidable capacité d’empathie de notre société envers les animaux. Son destin incarne cette quête permanente d’une relation plus harmonieuse avec le monde sauvage, dans le respect de chaque être sensible.

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