Tic-tac, tic-tac… L’horloge tourne à Matignon, mais François Bayrou semble toujours dans l’impasse pour former son gouvernement d’« union nationale ». Malgré un ultimatum lancé aux partis politiques, leur demandant une réponse claire d’ici vendredi après-midi, le nouveau Premier ministre peine à rallier des soutiens pour constituer son équipe « avant Noël ».
Jeudi, François Bayrou a réuni les forces politiques, en écartant le Rassemblement national et La France insoumise, leur proposant d’intégrer le gouvernement. Mais l’offre ne semble pas avoir convaincu à gauche, tandis que la droite se fait prier, exigeant des garanties. Un véritable casse-tête pour le locataire de Matignon.
La gauche refuse en bloc, LR pose ses conditions
Du côté de la gauche, c’est un refus catégorique de participer au gouvernement Bayrou. Les socialistes, les écologistes et les communistes ont tous décliné l’invitation, menaçant même de déposer une motion de censure contre le Premier ministre dès son discours de politique générale.
Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a ainsi déclaré :
On ne participera pas à cette mascarade. On ne donnera pas un blanc-seing à un gouvernement qui s’inscrit dans la continuité des politiques néfastes menées depuis cinq ans.
Marine Tondelier, cheffe de file d’EELV, a abondé en ce sens :
Il faut vraiment que le Premier ministre et ceux qui l’entourent se réveillent et prennent conscience de ce qui se joue maintenant. On ne peut pas continuer comme avant.
À droite, Les Républicains se montrent plus ouverts à une participation, mais posent leurs conditions. Selon des sources concordantes, le parti de droite réclamerait plusieurs ministères régaliens comme l’Intérieur ou la Justice, ainsi que des engagements fermes sur des baisses d’impôts et des réformes comme celle des retraites.
Aurélien Pradié, secrétaire général de LR, a résumé cette position :
Si on doit entrer au gouvernement, ce n’est pas pour faire de la figuration. C’est pour peser et imposer nos idées. Sinon, ce n’est pas la peine.
Bayrou contraint de revoir ses ambitions à la baisse
Face à ces refus et ces marchandages, François Bayrou serait contraint de revoir ses ambitions à la baisse. Selon son entourage, l’objectif serait désormais d’obtenir le soutien d’au moins une partie des LR, en leur offrant des contreparties, pour atteindre une majorité relative à l’Assemblée.
Une source proche du dossier confie :
François Bayrou n’a plus beaucoup de marge de manœuvre. C’est LR ou rien. Et encore, même avec eux, rien n’est gagné. Beaucoup à droite ne veulent pas s’afficher avec la macronie en pleine crise.
Vers un remaniement a minima avant Noël ?
Si aucun accord n’est trouvé avec les partis d’opposition, François Bayrou pourrait être amené à annoncer un remaniement a minima avant les fêtes de Noël, en se contentant de changer quelques têtes, sans élargissement significatif.
Plusieurs noms circulent déjà, dont ceux de personnalités de la société civile proches du MoDem, le parti centriste de François Bayrou, pour occuper des ministères techniques. Des élus locaux seraient aussi sondés pour entrer au gouvernement.
Mais un tel scénario serait un camouflet pour le Premier ministre, qui a promis un « gouvernement de mission » pour répondre à la situation « exceptionnelle » du pays. Cela fragiliserait aussi sa position à Matignon, déjà contestée en interne par la majorité présidentielle.
Les prochains jours décisifs pour l’avenir de Bayrou et du quinquennat
Les prochains jours s’annoncent donc décisifs pour François Bayrou, et plus largement pour l’avenir du quinquennat d’Emmanuel Macron. Si le Premier ministre échoue à former un gouvernement élargi, cela signerait l’échec de sa stratégie d’ouverture et fragiliserait encore un exécutif déjà affaibli.
À l’inverse, s’il parvient à un accord, même partiel, avec une partie de l’opposition, cela lui donnerait un peu d’air et de légitimité pour gouverner, dans un contexte politique explosif. Mais le chemin est encore long et semé d’embûches.
Une chose est sûre : les Français, qui attendent des réponses concrètes à leurs problèmes de pouvoir d’achat, d’emploi ou de sécurité, observent avec attention ces tractations politiciennes. Et leur patience a des limites, comme l’a montré la colère qui s’est exprimée ces derniers mois. François Bayrou joue donc gros, et il le sait.