En 2024, le monde du tennis fait face à un triste constat : le harcèlement en ligne des joueurs a atteint des sommets. Les autorités de la petite balle jaune viennent en effet de révéler qu’environ 12 000 messages abusifs visant les athlètes ont été repérés sur les réseaux sociaux depuis janvier, grâce à un nouvel outil de détection. Un chiffre alarmant qui met en lumière l’ampleur de ce fléau virtuel gangrénant les courts.
Une lutte acharnée contre la haine en ligne
Face à cette vague de cyber-harcèlement, les instances du tennis mondial ont décidé de contre-attaquer. La Fédération internationale de tennis (ITF) s’est ainsi associée au circuit féminin WTA, ainsi qu’aux organisateurs de Wimbledon et de l’US Open, pour « combattre la haine en ligne contre les joueurs, les autorités et la famille du tennis au sens large ». Leur arme ? Un outil baptisé Threat Matrix, capable d’analyser des millions de publications sur les principaux réseaux sociaux.
Entre janvier et octobre 2024, cet algorithme a ainsi passé au crible près de 2,5 millions de posts sur Twitter, Instagram, YouTube, Facebook et TikTok. Résultat : environ 12 000 commentaires jugés abusifs ont été signalés aux plateformes concernées pour être retirés, voire entraîner la suppression des comptes en cas de récidive. Les autorités ont même franchi un cap supplémentaire en dénonçant à la justice une quinzaine d’internautes particulièrement virulents.
Le rôle trouble des paris sportifs
Mais d’où vient cette déferlante de haine virtuelle ? Selon l’analyse des instances, près de la moitié (48%) des messages abusifs proviendraient de « parieurs en colère ». Ces supporters, déçus d’avoir perdu leurs mises, déverseraient ainsi leur frustration sur les joueurs via les réseaux sociaux. Un comportement exacerbé lors des tournois du Grand Chelem, qui suscitent un engouement mondial et donc une « visibilité » accrue pour ces internautes malveillants.
Un combat de longue haleine
Malgré leur détermination affichée, les autorités du tennis sont conscientes que l’éradication totale du cyber-harcèlement relève de la gageure. D’autant que l’outil Threat Matrix, aussi performant soit-il, ne protège à l’heure actuelle qu’une partie des joueurs professionnels (ceux du circuit ITF et WTA). Le circuit masculin ATP et deux tournois majeurs (Open d’Australie et Roland-Garros) n’ont pas encore rejoint l’initiative.
« Les auteurs de messages abusifs ne doivent pas se faire d’illusions : nous demanderons des poursuites en justice quand nous le pourrons, nous chercherons à leur interdire l’accès aux plus grands réseaux sociaux de la planète et à nos tournois. »
ITF (Fédération internationale de tennis)
Mais les instances ne baissent pas les bras pour autant, à l’image de l’ITF qui promet la tolérance zéro envers les harceleurs : « Les auteurs de messages abusifs ne doivent pas se faire d’illusions : nous demanderons des poursuites en justice quand nous le pourrons, nous chercherons à leur interdire l’accès aux plus grands réseaux sociaux de la planète et à nos tournois ». Un avertissement clair à ceux qui voudraient continuer de semer la haine derrière leur écran.
Une prise de conscience collective nécessaire
Au-delà des sanctions, c’est surtout une prise de conscience collective qui pourra endiguer durablement le phénomène. Joueurs, instances, médias, parieurs, supporters… Tous les acteurs du tennis ont un rôle à jouer pour rappeler que derrière chaque athlète se cache un être humain, avec ses forces et ses faiblesses. Que la passion du sport ne doit jamais se transformer en déversoir de frustrations ou de haine.
Car comme le résume si justement un proverbe africain : « Tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Une maxime qui devrait inspirer le monde du tennis dans sa lutte de longue haleine contre le cyber-harcèlement. Individuellement, chaque signalement de commentaire abusif est une petite victoire. Mais c’est en unissant leurs forces que les acteurs de la petite balle jaune marqueront les points décisifs face à la haine en ligne. En 2024 comme pour les années à venir.