Il fut un temps où les chantiers navals de Belfast, en Irlande du Nord, étaient synonymes de grandeur industrielle et d’innovations navales. Ces mêmes chantiers qui virent naître le légendaire Titanic en 1912, avant son tragique destin. Mais les années passant, Harland and Wolff, la compagnie gérant le site, a connu des difficultés croissantes, menaçant plus de 1000 emplois. Une page de l’histoire semblait sur le point de se tourner. C’était sans compter sur un rebondissement inattendu : le géant espagnol de la construction navale Navantia serait sur le point de racheter le chantier historique.
Un rachat providentiel
D’après une source proche du dossier, Navantia, entreprise publique espagnole, serait en négociations avancées pour acquérir l’intégralité des activités de Harland and Wolff en Irlande du Nord, en Angleterre et en Écosse. Une opération qui pourrait avoisiner les 70 millions de livres, soit environ 85 millions d’euros.
Au-delà du montant, ce sont les conséquences sociales de ce rachat qui retiennent l’attention. Car en reprenant le chantier naval de Belfast, Navantia s’engagerait à préserver plus de 1000 emplois. Une véritable bouffée d’oxygène pour une région qui a vu son industrie navale péricliter au fil des décennies.
La construction de navires militaires comme planche de salut
Mais Navantia ne s’intéresse pas seulement au glorieux passé du chantier naval. L’entreprise souhaite assurer son avenir, en faisant de Belfast un pôle stratégique pour la construction de navires militaires destinés à la Royal Navy britannique. Un contrat portant sur trois bâtiments de soutien, d’une valeur de près de 2 milliards d’euros, est en jeu. Pour Navantia, qui est déjà le principal contractant sur ce programme, la reprise du chantier nord-irlandais est un moyen de sécuriser et de pérenniser cette activité cruciale.
Le gouvernement britannique en soutien
Ce projet de rachat semble avoir trouvé une oreille attentive du côté du gouvernement britannique. Londres aurait travaillé étroitement avec Navantia, acceptant notamment de modifier le contrat des navires militaires, sans doute en injectant des fonds supplémentaires, même si les détails financiers restent secrets.
Cette implication de l’État n’est pas anodine. Elle témoigne de l’importance stratégique et symbolique de ce chantier naval. Harland and Wolff, c’est un pan de l’histoire industrielle du Royaume-Uni, une fierté nationale. Sa disparition serait un crève-cœur autant qu’une catastrophe sociale. En soutenant le rachat par Navantia, le gouvernement cherche à éviter ce scénario du pire.
Une page se tourne, une autre s’écrit
Fondé en 1861, le chantier naval de Belfast a marqué l’histoire à plus d’un titre. Outre le Titanic, il a vu naître de nombreux autres paquebots prestigieux, comme l’Olympic et le Britannic, mais aussi des navires militaires durant la Seconde Guerre mondiale ou encore le premier superpétrolier construit au Royaume-Uni, le Myrina.
C’est un site absolument unique, qui a façonné l’identité de Belfast et de toute l’Irlande du Nord.
– Un expert de l’histoire industrielle irlandaise
Si l’accord avec Navantia se conclut, comme cela semble se dessiner, une page se tournera assurément. Celle d’un chantier naval mythique qui a frôlé la disparition. Mais une autre page, tout aussi prometteuse, est sur le point de s’écrire. Celle d’un site industriel qui renoue avec l’excellence navale, se réinvente en s’appuyant sur son glorieux passé, et offre un avenir à des centaines de travailleurs.
Le Titanic sera toujours associé à Belfast. Mais grâce à Navantia, le chantier naval pourrait bien devenir le symbole d’une industrie qui renaît de ses cendres, prête à affronter les défis du XXIe siècle. Une belle revanche sur l’histoire.