Un cargo chinois, soupçonné d’être impliqué dans la rupture de deux câbles sous-marins en mer Baltique le mois dernier, devrait bientôt reprendre la mer après une inspection menée à son bord par des représentants de plusieurs pays. Cet incident mystérieux, survenu dans un contexte de tensions accrues dans la région depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, soulève de nombreuses questions quant aux activités maritimes dans cette zone stratégique.
Le navire chinois Yi Peng 3 au cœur des soupçons
Selon des sources proches du dossier, le vraquier chinois Yi Peng 3 se trouvait à proximité des câbles de télécommunications au moment où ceux-ci ont été sectionnés, les 17 et 18 novembre derniers, dans les eaux territoriales suédoises de la mer Baltique. Immobilisé depuis le 19 novembre dans le détroit du Kattegat, entre la Suède et le Danemark, le navire a fait l’objet d’une surveillance étroite de la part des autorités danoises et suédoises.
Cette semaine, une inspection a été menée à bord du cargo par des représentants de la Chine, de la Suède, de l’Allemagne et de la Finlande. Si aucune mesure d’enquête n’a été prise par les autorités suédoises lors de cette visite, leur présence en tant qu’observateurs témoigne de l’importance accordée à cet incident par les pays concernés.
Une enquête internationale complexe
La police suédoise, en collaboration avec ses homologues finlandais et lituaniens, mène actuellement les investigations sous la direction du parquet suédois. La Suède avait officiellement demandé à la Chine, dès le 28 novembre, de coopérer pour clarifier le rôle du Yi Peng 3 dans cet incident. Si Pékin a promis de collaborer, les tensions restent palpables dans la région.
Plusieurs dirigeants européens ont évoqué l’hypothèse d’un sabotage lié à la Russie peu après les faits, une accusation jugée « risible » et « absurde » par le Kremlin. La complexité de l’enquête et les enjeux géopolitiques sous-jacents rendent l’établissement de la vérité d’autant plus délicat.
Des incidents à répétition en mer Baltique
La rupture des câbles Arelion et C-Lion1, reliant respectivement l’île suédoise de Gotland à la Lituanie et la Finlande à l’Allemagne, n’est pas un cas isolé. En octobre 2023, un gazoduc sous-marin entre la Finlande et l’Estonie a dû être fermé après avoir été endommagé par l’ancre d’un autre cargo chinois. Un an plus tôt, en septembre 2022, les gazoducs Nord Stream avaient été touchés par une série d’explosions sous-marines dont la cause reste indéterminée.
Ces incidents à répétition témoignent de la fragilité des infrastructures critiques en mer Baltique et de l’importance stratégique de cette zone, devenue un véritable point de friction depuis le début de la guerre en Ukraine. Si le Yi Peng 3 est autorisé à reprendre la mer après l’inspection, nul doute que la surveillance des activités maritimes dans la région sera renforcée pour prévenir de nouveaux incidents aux conséquences potentiellement désastreuses.
Un avenir incertain pour la sécurité en mer Baltique
Au-delà de l’enquête sur le rôle du navire chinois dans la rupture des câbles sous-marins, c’est toute la question de la sécurité maritime en mer Baltique qui se pose. Dans un contexte géopolitique tendu, où les incidents se multiplient et les soupçons vont bon train, il apparaît crucial de renforcer la coopération internationale pour garantir la protection des infrastructures stratégiques et la stabilité de la région.
Les pays riverains de la mer Baltique devront redoubler de vigilance et de coordination pour faire face aux défis sécuritaires qui s’annoncent. L’établissement de mécanismes de prévention, de détection et de réaction rapide aux incidents sera essentiel pour éviter une escalade des tensions et préserver la paix dans cette zone névralgique.
Alors que le cargo chinois Yi Peng 3 s’apprête à quitter les eaux danoises, les regards restent tournés vers la mer Baltique, théâtre d’une lutte d’influence aux multiples facettes. L’avenir de la sécurité dans la région dépendra de la capacité des acteurs impliqués à naviguer dans ces eaux troubles avec sagesse et détermination.