Encore un coup de frein dans la politique monétaire britannique. Ce jeudi, la Banque d’Angleterre (BoE) a annoncé le maintien de son taux directeur à 4,75%, une décision largement anticipée par les marchés. Pourtant, avec une inflation qui s’accroche au-dessus des 2% ciblés, la pression était forte pour un nouveau tour de vis.
Un statu quo sous haute surveillance
Après deux baisses consécutives de 25 points de base en août et novembre, puis une pause en septembre, c’est la deuxième fois que l’institution de Threadneedle Street choisit de temporiser. Son gouverneur Andrew Bailey se montre prudent sur les prochains mouvements, évoquant « l’incertitude croissante » entourant les perspectives économiques.
Pour autant, la BoE n’écarte pas de futures baisses de taux, mais refuse de s’engager sur le timing ou l’ampleur. L’objectif d’une inflation à 2% doit être atteint « de façon durable » avant d’assouplir franchement sa politique.
L’inflation, l’ennemi public numéro un
La hausse des prix à la consommation reste le principal casse-tête des banquiers centraux britanniques. À 2,6% en novembre, elle a déjoué les pronostics et poursuit son rebond entamé en octobre, après un creux en septembre.
« La rigidité de l’inflation dans le secteur des services » est particulièrement problématique, pointe une analyste.
Cette résistance de l’inflation alimente les craintes sur la dette publique britannique, dont les taux flirtent avec des sommets de 2008. Un casse-tête également pour le gouvernement travailliste, qui doit financer un budget placé sous le signe de la prudence.
À contre-courant de la Fed
En maintenant son taux inchangé, la BoE va à rebours de la Federal Reserve américaine. Cette dernière a annoncé mercredi une nouvelle baisse de 25 points de base, la ramenant entre 4,25% et 4,50%.
Mais comme son homologue britannique, elle s’est montrée d’une grande prudence sur la suite du cycle d’assouplissement, laissant planer le doute sur ses prochains mouvements.
L’attentisme, nouveau credo des banquiers centraux ?
Face à une conjoncture économique incertaine, marquée par des tensions géopolitiques et les répercussions de la guerre commerciale sino-américaine, les grandes banques centrales semblent privilégier l’attentisme.
- La BCE a laissé ses taux inchangés lors de sa dernière réunion, malgré une inflation supérieure à sa cible
- La BoJ maintient une politique ultra-accommodante malgré les pressions
- La Fed et la BoE refusent de s’engager clairement sur leurs prochaines décisions
Une prudence peut-être excessive pour certains économistes, qui craignent un retour en force de l’inflation si les banques centrales relâchent trop vite leurs efforts. Mais dans un contexte économique et politique instable, elles semblent avoir choisi pour l’heure de ne fermer aucune porte.
La suite du feuilleton monétaire s’annonce donc riche en rebondissements. Inflation, croissance, géopolitique : les banquiers centraux devront naviguer entre de nombreux écueils ces prochains mois. En attendant, les marchés retiennent leur souffle, suspendus aux prochaines déclarations de ces gardiens de la stabilité financière.