Un verdict historique vient d’être rendu dans l’affaire des viols de Mazan qui a tenu la France en haleine pendant des mois. Après un procès fleuve de 4 mois, les 50 hommes accusés aux côtés de Dominique Pelicot d’avoir violé son épouse Gisèle ont tous été reconnus coupables. Aucun acquittement n’a été prononcé. Des peines allant de 3 à 15 ans de prison ont été infligées aux coaccusés, tandis que Dominique Pelicot a écopé de la peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle.
Un système judiciaire bousculé
Ce procès hors norme, qualifié de « procès pour l’Histoire », a profondément ébranlé le monde judiciaire. Inédit par son ampleur, avec 51 accusés et près de 90 parties civiles, il a obligé la justice à s’adapter, en remettant en question certaines de ses pratiques.
Le monde n’est désormais plus le même.
Laurence Rossignol, sénatrice et ancienne ministre
Parmi les bouleversements notables, la décision de filmer l’intégralité des débats pour les archives judiciaires, une première en France pour un procès aux assises. Le huis clos, traditionnellement requis pour protéger la vie privée des victimes dans les affaires de mœurs, n’a pas été ordonné. Un choix fort pour permettre à la société de regarder ce procès en face.
Des peines exemplaires
Sur les 51 accusés, 47 ont été reconnus coupables de viol aggravé, 3 de tentative de viol, et un seul d’agression sexuelle. Des circonstances aggravantes comme la soumission chimique, les réunions ou l’usage de substances ont été retenues pour la plupart. Les peines prononcées sont à la hauteur de la gravité des faits :
- 20 ans de réclusion pour Dominique Pelicot, le mari et principal accusé
- De 10 à 15 ans de prison pour une quinzaine de violeurs
- De 5 à 10 ans pour une trentaine d’autres
- 3 ans dont 2 avec sursis pour l’accusé d’agression sexuelle
À ces peines de prison s’ajoutent quasi systématiquement une inscription au fichier des délinquants sexuels, des obligations de soins, des peines d’inéligibilité, voire des interdictions définitives de travailler avec des mineurs pour ceux qui détenaient aussi des images pédopornographiques.
Une décision saluée
À l’énoncé du verdict, une vague d’émotion a submergé la salle d’audience. Gisèle Pelicot, très digne, a sobrement remercié la cour. Dans la foule, des applaudissements et des cris « Merci Gisèle ! » ont retenti.
Le monde politique a immédiatement salué ce verdict exemplaire. De nombreuses personnalités ont souligné le courage de Gisèle Pelicot et le signal fort envoyé par la justice dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
Ce procès montre qu’il manque à la barre des accusés de l’industrie pornographique.
Laurence Rossignol
Et maintenant ?
Si ce verdict marque la fin d’un procès éprouvant, il n’efface pas pour autant les souffrances vécues par Gisèle Pelicot et ne referme pas complètement ce dossier sordide. Une quarantaine d’autres hommes mis en cause n’ont pas encore été identifiés à ce jour et restent dans la nature. Les avocats de la défense envisagent de faire appel.
Mais au-delà des suites judiciaires, ce procès laisse des traces indélébiles. Il a mis en lumière les ravages de la culture du viol et la loi du silence qui l’entoure encore trop souvent. Nul doute qu’il fera date dans les annales et contribuera à faire évoluer les mentalités sur ces sujets encore trop tabous.