Qui a dit que voyager en train coûtait forcément un bras ? Certainement pas la SNCF qui vient de lancer Ouigo Classique, un nouveau service ferroviaire ultra low-cost entre Paris et Bruxelles. Oubliez les tarifs exorbitants de l’Eurostar et l’inconfort des cars Macron, la compagnie ferroviaire française vous propose de rallier les deux capitales européennes pour une poignée d’euros. Mais comment est-ce possible ? Quels sont les secrets de fabrication de ces petits prix ? Embarquons ensemble à bord de ces trains surprenants.
Ouigo Classique : le pari fou du low-cost à la SNCF
Après avoir révolutionné le marché avec ses TGV Ouigo, la SNCF n’en finit plus d’innover pour démocratiser le voyage en train. Sa dernière trouvaille ? Les Ouigo Classique, des trains certes plus lents mais à des tarifs défiant toute concurrence. Sur la ligne Paris-Bruxelles, un billet coûte entre 10 et 59€ quand l’Eurostar, lui, grimpe facilement à plus de 100€. Même les cars longue distance type Flixbus peinent à s’aligner.
Derrière cette prouesse tarifaire, une recette imparable pour écraser les coûts. Pas de rames flambant neuves ici mais de bonnes vieilles voitures Corail déjà amorties. Sur le plan des ressources humaines, la SNCF a optimisé son organisation avec seulement trois agents polyvalents à bord contre quatre à cinq habituellement. Cette flexibilité permet de substantielles économies.
Voyager moins vite pour voyager moins cher
Sur le papier, mettre 3h au lieu d’1h20 pour relier Paris à Bruxelles peut sembler rédhibitoire. Pourtant, Ouigo Classique a séduit plus de 3 millions de voyageurs depuis son lancement en avril 2022. Son taux de remplissage de 70% témoigne d’un engouement réel pour cette formule décomplexée.
Par rapport à l’Eurostar, le temps de parcours supplémentaire est compensé par des prix imbattables. Un budget serré ne sera plus un frein au voyage. De même, le différentiel de confort est rapidement oublié quand on voit l’addition. Finis les sièges en cuir et le wi-fi, bonjour les bonnes vieilles banquettes et les conversations entre passagers pour passer le temps !
Nous avons de coûts de revient très faibles. Nous utilisons des vieilles rames Corail déjà amorties, les péages versés à SNCF Réseau sont plus faibles car nous ne roulons pas sur des lignes TGV. Et nous avons trois agents quand sur Ouigo TGV ils sont quatre ou cinq.
Alain Krakovitch, directeur de TGV-Intercités chez SNCF Voyageurs
Une stratégie payante sur un marché hyperconcurrentiel
Avec Ouigo Classique, la SNCF réplique à la concurrence des cars et du covoiturage longue distance. En cassant ses prix sur des liaisons comme Paris-Bruxelles, elle grignote des parts de marché et optimise l’utilisation de son parc de matériel roulant. Une habile manière de rentabiliser des actifs existants.
Cette offensive low-cost permet aussi à la compagnie ferroviaire de préempter certains segments avant l’arrivée de nouveaux entrants. Avec la libéralisation du rail voulue par Bruxelles, des opérateurs étrangers comme Flixtrain lorgnent le marché français. En occupant intelligemment le terrain, la SNCF limite les possibilités pour ces challengers.
Le low-cost, avenir du transport ferroviaire ?
Le succès de Ouigo Classique démontre que l’équation entre vitesse et prix est en train de changer. Face à la crise du coût de la vie, de nombreux voyageurs sont prêts à sacrifier un peu de leur temps pour soulager leur budget. Un arbitrage qui ouvre de nouvelles perspectives pour le mass transit ferroviaire.
Avec des coûts d’exploitation réduits, le train peut enfin s’aligner sur l’avion et la route, captant ainsi une nouvelle clientèle. Un levier de croissance intéressant à l’heure où le ferroviaire cherche à verdir son modèle. Le low-cost comme porte d’entrée vers une mobilité plus durable, le pari est osé mais la SNCF a décidé de le relever avec Ouigo Classique.
Ouigo Classique en bref
- Service lancé par la SNCF en avril 2022
- Trains low-cost avec des tarifs 50 à 80% moins chers que l’Eurostar
- Utilisation de rames Corail rénovées et déjà amorties
- Personnel réduit et polyvalent à bord pour limiter les coûts
- Temps de parcours plus long compensé par des prix attractifs
- Cible une clientèle loisirs sensible au prix
- Objectif : 3 allers-retours par jour sur Paris-Bruxelles
La prochaine fois que vous prévoyez un city-trip à Bruxelles, pensez au Ouigo Classique ! Certes, vous mettrez un peu plus de temps qu’avec l’Eurostar mais votre portefeuille vous en sera reconnaissant. Et qui sait, vous ferez peut-être des rencontres sympas à bord de ces tortillards nouvelle génération. Un retour à la quintessence du voyage en train : convivial, accessible et un brin nostalgique.
