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Sommet des pays musulmans en Egypte pour renforcer les liens économiques

Un sommet réunissant 8 grands pays musulmans se tient en Egypte pour renforcer la coopération économique malgré les crises régionales. L'Iran et la Turquie sont présents. Quels enjeux pour le monde musulman ? Découvrez-le dans notre article.

En plein cœur des bouleversements qui secouent le Moyen-Orient, l’Egypte a décidé de jouer la carte de la concorde en accueillant ce jeudi un important sommet de pays musulmans. Baptisé D-8, pour « Developing 8 », ce forum économique réunit pas moins de huit grandes nations : l’Iran, la Turquie, le Nigeria, le Pakistan, le Bangladesh, l’Indonésie et la Malaisie. L’objectif ? Renforcer les liens commerciaux et diplomatiques entre ces puissances émergentes du monde musulman.

Dans un contexte marqué par les violences à Gaza et le chaos syrien, cette initiative apparaît comme un pari audacieux. Mais pour le gouvernement égyptien, il s’agit surtout d’une opportunité unique de renouer le dialogue et d’apaiser les tensions. Car au-delà des enjeux économiques, ce sommet revêt aussi une dimension politique. Une session spéciale sera ainsi consacrée aux crises régionales, en présence notamment des présidents palestinien Mahmoud Abbas et turc Recep Tayyip Erdogan.

Une main tendue entre l’Egypte et l’Iran

La venue du président iranien Masoud Pezeshkian marque un tournant dans les relations égypto-iraniennes. Il s’agit en effet de la première visite d’un chef d’État iranien au Caire depuis la révolution islamique de 1979. Malgré des décennies de défiance, les deux pays ont multiplié récemment les signes de rapprochement. En octobre dernier, le ministre iranien des Affaires étrangères s’était rendu en Egypte, un geste diplomatique fort suivi quelques mois plus tard par un déplacement de son homologue égyptien à Téhéran.

Pour l’Iran, ce sommet est l’occasion de briser son isolement et de renouer le dialogue avec ses voisins arabes. Arrivé mercredi soir au Caire, le président Pezeshkian a plaidé pour un « rapprochement des points de vue » entre pays musulmans, estimant que cela pourrait avoir « un effet énorme » sur la diplomatie régionale. Un message d’ouverture qui tranche avec les déclarations guerrières de son prédécesseur Mahmoud Ahmadinejad.

Erdogan, un habitué des sommets égyptiens

La présence de Recep Tayyip Erdogan n’est guère une surprise. Le président turc, qui effectue sa deuxième visite en Egypte cette année, est un habitué des réunions multilatérales. En février dernier, il avait rencontré le président al-Sissi pour évoquer le renforcement des échanges économiques et des investissements entre les deux pays. Au menu des discussions figuraient également les différentes crises régionales, de la Syrie à la Libye en passant par l’Irak.

Mais au-delà des enjeux bilatéraux, la Turquie entend aussi peser sur les grands dossiers du monde musulman. Lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères qui s’est tenue en amont du sommet, le chef de la diplomatie turque a appelé à l’arrêt immédiat des « agressions israéliennes » à Gaza et au Liban. Un message fort qui devrait trouver un écho favorable auprès de ses homologues arabes.

Le D-8, un forum en quête de rayonnement

Créé en 1997, le D-8 peine encore à s’imposer comme une organisation incontournable sur la scène internationale. Rassemblant près d’un milliard d’habitants, cet ensemble qui s’étend de l’Asie du Sud-Est à l’Afrique entend pourtant peser face aux grandes puissances occidentales. Mais les divergences politiques et les rivalités régionales ont souvent freiné son développement.

En accueillant ce 10ème sommet, l’Egypte espère donner un nouvel élan à cette organisation méconnue du grand public. Le Caire mise notamment sur une intensification des échanges commerciaux entre les pays membres pour doper la croissance et réduire le chômage. Des accords de libre-échange et de facilitation des investissements pourraient être annoncés en marge des débats.

Reste à savoir si ce énième sommet permettra de faire avancer concrètement les dossiers épineux qui empoisonnent les relations entre pays musulmans. De la question palestinienne au conflit syrien en passant par la lutte contre le terrorisme, les sujets de friction ne manquent pas. Mais dans une région minée par les guerres et les crises, toute initiative visant à renouer le dialogue mérite d’être saluée. Même si personne ne se fait d’illusions sur sa portée réelle.

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