Dans un aveu rare lors de sa grande conférence de presse annuelle, le président russe Vladimir Poutine a reconnu jeudi que l’inflation à deux chiffres qui sévit actuellement en Russie était un « signal préoccupant ». Malgré ses tentatives de rassurer sur une situation économique stable, les chiffres parlent d’eux-mêmes : une inflation qui a accéléré à 8,9% en novembre, bien au-delà de l’objectif officiel de 4% visé par les autorités.
Une inflation alimentée par l’offensive en Ukraine
Cette flambée des prix trouve plusieurs explications, toutes plus ou moins liées à l’assaut russe contre l’Ukraine. On peut citer en premier lieu l’explosion des dépenses militaires pour financer l’effort de guerre. S’ajoutent à cela les effets des lourdes sanctions économiques infligées par les pays occidentaux. Enfin, les salaires sont également en hausse, conséquence directe des pénuries de main-d’œuvre touchant le marché de l’emploi russe.
Pour attirer les candidats, les entreprises sont contraintes de proposer des rémunérations toujours plus alléchantes, ce qui contribue à la spirale inflationniste. Un cocktail explosif pour le pouvoir d’achat des citoyens russes.
La Banque centrale russe sur le qui-vive
La réaction de la Banque centrale russe (BCR) est très attendue. À la veille d’une réunion cruciale, les analystes prévoient une hausse du taux directeur, déjà à un niveau record depuis 20 ans, d’un ou deux points supplémentaires. Une perspective qui fait bondir les grands patrons russes, dénonçant « une folie » qui va brider les investissements et freiner l’économie nationale.
La situation de l’économie dans son ensemble en Russie est stable, malgré les menaces extérieures et les tentatives d’influence.
Vladimir Poutine lors de sa conférence de presse annuelle
Des signes d’essoufflement
Jusqu’ici, l’économie russe a plutôt bien encaissé le choc des sanctions occidentales en place depuis 2022. Mais ces dernières semaines, les signaux négatifs se multiplient :
- Une inflation tenace qui grignote le pouvoir d’achat
- Des taux d’intérêt élevés qui pénalisent les entreprises
- Un rouble en chute libre face au dollar et à l’euro
- Des perspectives de croissance moroses pour 2025
Vladimir Poutine se veut malgré tout optimiste, tablant sur une hausse du PIB de « 3,9%, peut-être 4% » cette année. Mais la BCR est nettement moins enthousiaste, anticipant un fort ralentissement l’an prochain, avec une croissance qui pourrait plafonner entre 0,5 et 1,5% en 2025.
Un avenir économique incertain
À l’évidence, les sanctions internationales, la mobilisation de ressources pour la guerre en Ukraine et les turbulences sur les marchés des changes et des matières premières pèsent lourdement sur les perspectives de l’économie russe. Les ménages voient leur niveau de vie rogné par l’inflation, tandis que les entreprises hésitent à investir face aux incertitudes.
La grande question est de savoir combien de temps la résilience économique russe, vantée par le Kremlin, pourra encore durer. Si la situation continue de se dégrader, Vladimir Poutine pourrait être contraint de revoir ses ambitions à la baisse, aussi bien sur le plan militaire qu’économique. Pour l’heure, il s’accroche à un discours positif. Mais comme le montre son récent aveu sur l’inflation, la réalité finit toujours par rattraper la rhétorique.