C’est un verdict qui restera dans les annales judiciaires. Vendredi, la cour criminelle du Vaucluse a rendu son jugement dans le procès hors norme des viols collectifs de Mazan, un bourg paisible du Vauclais. Après 3 mois d’une audience qui a mis en lumière un système de viols en réunion d’une ampleur inédite, les 51 accusés ont tous été condamnés, écopant de peines allant de 5 à 20 ans de réclusion. Une décision rarissime dans ce type d’affaires.
La stupeur des accusés face au verdict sans appel
Dans le box, c’est la consternation qui domine à l’annonce du délibéré. « Mon client est hébété », confie Me Zavarro, l’avocate de Dominique Pelicot, 58 ans, condamné à la peine maximale de 20 ans comme 5 autres accusés identifiés comme les « meneurs ». « Nous allons étudier la possibilité de faire appel, mais la décision est lourde », ajoute-t-elle, évoquant des débats « apaisés » pendant le procès fleuve.
Pour la défense, le « tabou » de l’acquittement dans les dossiers de viols, dénoncé depuis des années, n’a pas été brisé. Malgré des « zones d’ombre » pointées par certains avocats sur le consentement de Gisèle Pelicot, 62 ans, la victime qui a porté l’affaire, les peines sont toutes assorties d’un suivi socio-judiciaire.
Gisèle Pelicot, une « voix qui porte pour tant de victimes »
Très entourée par ses proches à l’énoncé du verdict, Gisèle Pelicot est apparue soulagée. Celle qui a eu le courage de briser l’omerta qui régnait depuis des décennies à Mazan sur ces viols commis en marge de « soirées privées » est devenue le visage d’un combat contre « la culture du viol ». « À travers vous, c’est la voix de tant de victimes qui porte aujourd’hui », lui a rendu hommage Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale.
« La honte change de camp, le tabou se brise. Le monde n’est plus le même grâce à vous. »
Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale
Des élus de tous bords saluent un « tournant »
Au-delà de la représentation nationale, de nombreux élus ont salué « le courage et la force » de Gisèle Pelicot. À gauche, les Insoumis Clémentine Autain et Adrien Quatennens y voient « un tournant dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles ». « Cette prise de conscience doit être le point de départ d’une politique volontariste sur ces sujets », insiste le député du Nord.
À droite aussi, on parle d’une décision « qui marquera les esprits ». « Au-delà du cas de Mazan, ce procès est le révélateur d’un mal bien plus profond qu’il nous faut combattre par l’éducation et la sanction », affirme Aurélien Pradié, secrétaire général des Républicains. Un combat dans lequel Gisèle Pelicot a ouvert la voie, en brisant la loi du silence.