Les quartiers de Saint-Nazaire sont devenus le théâtre d’une guerre sans merci entre forces de l’ordre et narcotrafiquants. Assassinats, fusillades, rixes… La violence monte crescendo dans ces cités minées par un trafic de drogue florissant et de plus en plus agressif. Face à cette criminalité galopante qui empoisonne le quotidien des habitants, policiers et gendarmes ont lancé une vaste opération de reconquête pour rétablir l’ordre républicain. En immersion totale avec ces soldats de la loi partis à l’assaut des points de deal.
La Bouletterie, épicentre du trafic nazairien
Direction le quartier de la Bouletterie, haut lieu du trafic de stupéfiants à Saint-Nazaire. Aux abords des immeubles délabrés, des guetteurs scrutent le moindre mouvement suspect. Notre arrivée ne passe pas inaperçue. Très vite, des mortiers d’artifices et invectives fusent à notre encontre. Bienvenue en « zone de non-droit » comme la qualifie ce policier de la BAC. « Ici, les trafiquants font régner leur loi. Ils contrôlent le territoire et ses accès. Pour nous c’est devenu une lutte de tous les instants pour ne pas leur laisser le champ libre », explique-t-il.
Preuve de l’emprise des dealers, un jeune homme de 19 ans a été froidement abattu chez lui le 9 décembre dernier. Un « contrat » commandité par un rival pour une sombre histoire de concurrence. « En 15 ans de carrière, je n’avais jamais vu ça. Ils n’ont plus aucune limite », souffle un enquêteur. Ce meurtre a marqué un nouveau palier dans la violence du milieu. Depuis, policiers et gendarmes multiplient les opérations coup de poing pour reprendre possession du terrain.
Une lutte acharnée pour endiguer le trafic
Ce mardi après-midi, une vingtaine de fonctionnaires investissent le quartier Prézégat, autre plaque tournante du deal. Contrôles d’identité, palpations, fouilles de véhicules et perquisitions s’enchaînent pendant 3 heures. Objectif : saisir un maximum de produits et matériels, démanteler les réseaux. « C’est un travail de fourmi mais essentiel pour casser l’économie souterraine et fragiliser leurs organisations », assure le commissaire.
Bilan de l’opération : 5 interpellations, 3 kilos de cannabis, 20 000€ en liquide et armes blanches saisis. Des prises modestes comparées aux quantités qui circulent mais salvatrices aux yeux du procureur. « Chaque coup porté compte. Nous devons gagner du terrain par tous les moyens. C’est un combat vital pour ces quartiers gangrenés« . Un combat de longue haleine auquel se livrent sans relâche ces femmes et hommes déterminés à éradiquer ce fléau.
Des habitants pris en otage
Car derrière ce trafic tentaculaire, ce sont les riverains qui trinquent. Menaces, incivilités, nuisances sonores… Leur quotidien est un enfer. « On vit dans la peur. Le deal a pris le contrôle de nos vies. Certains n’osent même plus sortir de chez eux », témoigne une mère de famille désemparée. Un constat alarmant que les forces de l’ordre entendent bien combattre pied à pied pour restaurer la quiétude de ces citoyens assiégés.
C’est pour eux qu’on se bat. Pour leur rendre leur dignité et leur liberté confisquées par ces voyous. On ne lâchera rien !
Un commandant de police
En attendant, les interventions s’enchaînent. Jour et nuit, policiers et gendarmes quadrillent le terrain au péril de leur vie. Des soldats de l’ombre engagés dans une guerre sans fin mais ô combien cruciale pour l’avenir de ces quartiers meurtris. Une lutte à haut risque dont dépend aussi la survie de notre modèle républicain face à ces zones de non-droit qui échappent peu à peu à l’autorité de l’État. Le chemin sera long mais leur détermination reste intacte. Coûte que coûte.