Les mots sont lâchés. Joe Biden, le président démocrate en exercice, a pour la première fois qualifié son prédécesseur et rival républicain Donald Trump de “délinquant”. Cette déclaration choc intervient dans le sillage de la condamnation pénale historique de l’ancien locataire de la Maison Blanche par la justice new-yorkaise ce jeudi. Un événement sans précédent qui bouscule déjà la course à l’élection présidentielle de 2024.
Biden rompt le silence sur l'”affaire Trump”
Jusqu’ici, Joe Biden s’était gardé de commenter directement les déboires judiciaires de Donald Trump, se retranchant derrière le principe de séparation des pouvoirs. Mais lors d’un meeting de campagne dans le Connecticut, le président a finalement lâché ce que beaucoup pensaient tout bas :
Pour la première fois dans l’histoire américaine, un ex-président qui est un délinquant condamné par la justice se présente à la présidence.
– Joe Biden
Des propos sans ambages qui marquent une escalade dans la rivalité Biden-Trump, à 18 mois de la présidentielle. Le démocrate semble ainsi acter que son prédécesseur, malgré sa condamnation, restera bel et bien son adversaire désigné en novembre 2024.
Quelles conséquences politiques pour Trump ?
Si Donald Trump a crié au “procès politique“, sa condamnation pénale n’en reste pas moins un coup dur pour sa campagne. Mais paradoxalement, elle pourrait aussi galvaniser sa base électorale, prompte à dénoncer une “chasse aux sorcières”. En témoigne l’afflux de dons, plus de 50 millions en 24h, enregistré par son équipe depuis le verdict.
Reste que cette épée de Damoclès judiciaire fragilise le candidat, qui doit déjà faire face à d’autres enquêtes, notamment sur les événements du Capitole. Ses rivaux républicains, comme Ron DeSantis, pourraient être tentés d’instrumentaliser ce handicap, même s’ils se gardent pour l’heure de trop critiquer frontalement l’ancien président, toujours influent dans le parti.
Biden se positionne en défenseur de l’État de droit
En qualifiant Trump de “délinquant”, Joe Biden envoie un message clair : nul n’est au-dessus des lois, fut-il un ancien président. Une façon de se poser en garant des institutions face à un adversaire prêt à les défier. Le locataire de la Maison Blanche joue ainsi sur le contraste entre sa posture présidentielle et l’image écornée de son prédécesseur.
Mais ce positionnement comporte aussi des risques pour Biden, qui pourrait être accusé de politiser la justice ou d’accabler un adversaire déjà affaibli. Un équilibre subtil à trouver dans une campagne présidentielle qui s’annonce d’ores et déjà explosive, sur fond de divisions exacerbées et de remise en cause de la démocratie américaine.
Vers un duel à distance en attendant 2024
Malgré sa condamnation, Trump n’a pas dit son dernier mot et compte bien en découdre avec Biden jusqu’au scrutin. Mais les deux rivaux pourraient ne jamais se croiser physiquement d’ici là, privilégiant des attaques à distance via meetings et réseaux sociaux interposés.
Un duel par procuration qui laisse augurer une campagne électrique, où les questions d’intégrité, de moralité et de respect de l’État de droit seront plus que jamais au cœur des débats. Avec en toile de fond, une Amérique profondément divisée et en quête de repères dans une période de turbulences sans précédent.