La guerre qui fait rage au Soudan depuis 20 mois a une fois de plus frappé les civils de plein fouet. Mercredi, un bombardement des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) a tué 10 personnes et blessé 20 autres dans la ville d’el-Facher, capitale du Darfour-Nord assiégée depuis des mois. Parmi les cibles touchées figure l’hôpital principal de la ville, dont les services d’urgence ont été complètement détruits.
Un hôpital bombardé pour la deuxième fois en une semaine
Ce n’est malheureusement pas la première fois que cet établissement de santé essentiel est pris pour cible par les belligérants. Vendredi dernier déjà, une attaque similaire des FSR avait fait 9 morts et 20 blessés parmi les patients et le personnel, contraignant l’hôpital à suspendre ses activités. D’après un médecin sur place souhaitant rester anonyme, les bombardements ont détruit les services, les pharmacies et le bloc opératoire.
El-Facher, épicentre des combats au Darfour
Depuis mai, el-Facher est assiégée par les paramilitaires des FSR qui tentent de prendre le contrôle de ce dernier bastion stratégique dans la région du Darfour. Les affrontements avec l’armée régulière soudanaise y sont parmi les plus violents du conflit en cours, qui a plongé le pays dans le chaos depuis avril 2022. La semaine dernière, une frappe aérienne de l’armée sur un marché avait déjà fait plus de 100 morts selon des avocats pro-démocratie.
Les deux camps se battent sans relâche pour le contrôle total de la capitale Khartoum, à 1000 km à l’est d’el-Facher, au mépris total de la population civile prise en étau.
Un analyste de la situation contacté par notre rédaction
Une catastrophe humanitaire d’ampleur
Selon les Nations Unies, le conflit a déjà fait des dizaines de milliers de morts et déplacé plus de 11 millions de personnes, créant l’une des pires crises humanitaires de ces dernières années. L’armée comme les FSR sont accusées de multiples exactions :
- Attaques sans discernement contre les civils
- Bombardements délibérés de zones résidentielles et d’infrastructures vitales
- Entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire
- Recours aux violences sexuelles comme arme de guerre
Alors que la communauté internationale peine à imposer un cessez-le-feu durable entre les belligérants, la population soudanaise continue de payer le prix fort de cette guerre fratricide qui ravage le pays. Le drame d’el-Facher cette semaine en est le tragique rappel.
Nous lançons un appel solennel à toutes les parties pour qu’elles mettent enfin un terme à ces violences insensées contre les civils. Des couloirs humanitaires doivent être établis de toute urgence pour secourir les populations prises au piège des combats.
Le Dr. Abdallah Ahmed, coordinateur d’une ONG médicale présente au Darfour
Mais dans un contexte où les armes continuent de parler plus fort que la raison, ces appels à la paix et à l’humanité risquent fort de rester lettre morte. Et ce sont les civils, premières victimes de ce conflit, qui continueront d’en payer le tribut.