En cette fin d’année 2023, l’épidémie mondiale de choléra continue de progresser de manière préoccupante. Malgré une production record de vaccins oraux en novembre, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) tire la sonnette d’alarme : les stocks restent insuffisants pour faire face à la demande croissante et endiguer la propagation de la maladie.
Une production de vaccins en hausse mais encore limitée
Selon les dernières données de l’OMS, la production de vaccins oraux contre le choléra a atteint 3,5 millions de doses en novembre 2023, son plus haut niveau depuis 2013. Une augmentation rendue possible grâce à de nouvelles formulations et méthodes de production mises en place pour reconstituer rapidement les stocks, qui étaient au plus bas à la mi-octobre.
Cependant, ce volume reste en deçà des 5 millions de doses nécessaires pour permettre au stock d’urgence de répondre efficacement à l’épidémie mondiale. Face à une demande qui ne cesse de croître, l’OMS souligne que cette pénurie persistante entrave les efforts de contrôle et de réaction rapide face à la propagation de la maladie.
Des besoins de vaccination à l’échelle mondiale
En 2023, pas moins de 10 pays ont déjà mené des campagnes de vaccination réactive, ciblant au total 31 millions de personnes. Compte tenu du contexte épidémique et de la disponibilité limitée des vaccins, seuls des cycles de vaccination à dose unique ont pu être validés et utilisés lors de ces campagnes, là où l’OMS préconisait initialement deux doses.
Pour l’organisation, il est urgent d’augmenter la production et d’améliorer la gestion stratégique des stocks afin de pouvoir répondre efficacement aux besoins de vaccination, qu’ils soient réactifs ou préventifs. Une nécessité d’autant plus criante que le nombre de cas et de décès liés au choléra est en nette augmentation par rapport à l’année dernière.
Une épidémie qui s’intensifie en 2023
Au 24 novembre 2023, près de 734 000 cas de choléra ont été recensés dans le monde, ainsi que 5 162 décès. Des chiffres en hausse de près d’un tiers pour les cas et d’un quart pour les décès par rapport à l’ensemble de l’année 2022. Et si le nombre de pays touchés est en baisse (33 contre 45 l’an dernier), les épidémies sont plus complexes et se multiplient, favorisées par les conflits, les catastrophes naturelles et les déplacements massifs de population.
Cette année, l’augmentation importante des cas et des décès est en grande partie due à la situation au Yémen, qui a mis à jour ses données en y intégrant des zones jusque-là hors du contrôle du gouvernement. Le pays a enregistré près de 246 000 cas et 861 décès. L’Afghanistan et le Pakistan sont également confrontés à une grave épidémie, avec respectivement 165 629 et 72 832 cas rapportés.
Depuis le dernier rapport de l’OMS en octobre, quatre nouveaux pays ont déclaré des flambées de choléra : le Cameroun, le Mozambique, l’Ouganda et le Zimbabwe. Une propagation qui illustre la pression croissante exercée par la maladie sur les systèmes de santé et les populations les plus vulnérables.
Mieux comprendre et combattre le choléra
Le choléra est une infection intestinale aiguë provoquée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés par la bactérie Vibrio cholerae. Elle se transmet souvent à partir de matières fécales, et peut être mortelle en seulement quelques heures en l’absence de traitement adéquat. Une simple réhydratation orale ou des antibiotiques pour les cas les plus sévères peuvent cependant permettre de soigner les personnes atteintes.
Face à la recrudescence des cas de choléra et à la complexité croissante des épidémies, il apparaît essentiel de renforcer à la fois la prévention, la surveillance et la réponse. Un défi qui passe par une meilleure couverture vaccinale des populations à risque, mais aussi par un accès facilité à l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène. Autant de leviers indispensables pour espérer contrôler durablement la progression de la maladie et protéger les communautés les plus exposées.
Cette pénurie persistante continue d’entraver les efforts visant à contrôler les épidémies de choléra et à réagir rapidement à la propagation de la maladie.
Organisation mondiale de la santé (OMS)
Alors que l’année 2023 touche à sa fin, la situation épidémiologique liée au choléra reste plus que jamais préoccupante à l’échelle mondiale. Si la hausse de la production de vaccins en novembre est un signal positif, elle ne suffira pas à elle seule à inverser la tendance. Une mobilisation internationale accrue et des investissements ciblés seront nécessaires dans les mois à venir pour espérer contenir cette menace sanitaire grandissante.