Imaginez un instant : de vastes étendues d’eau artificielle au beau milieu des champs, symboles de l’agriculture intensive. C’est précisément le projet que portaient les bassines de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres. Mais coup de théâtre : la cour administrative d’appel de Bordeaux vient de juger ces réserves d’irrigation illégales. La raison ? Elles menaceraient la survie de l’outarde canepetière, une espèce d’oiseau protégée. Un véritable séisme pour ce dossier déjà très controversé.
L’outarde canepetière, au cœur de la décision de justice
Mais pourquoi diable une espèce d’oiseau viendrait-elle contrecarrer un projet d’une telle ampleur ? Eh bien tout simplement parce que l’outarde canepetière, espèce menacée et protégée, vit précisément dans les zones où étaient prévues les bassines. Selon la cour, le projet «est de nature à détruire tout ou partie de cette espèce et lui porte une atteinte caractérisée». Un jugement sans appel, qui suspend les autorisations «jusqu’à la délivrance éventuelle de cette dérogation».
Des bassines très contestées
Pour mémoire, les bassines de Sainte-Soline, comme les autres réserves d’irrigation du Poitou, ont fait l’objet d’une vive opposition ces derniers mois. Associations environnementales, militants écologistes, mais aussi riverains et agriculteurs opposés au projet ont multiplié les actions et les recours en justice. Ils dénoncent l’impact environnemental de ces immenses réservoirs, remplis en pompant dans les nappes phréatiques, et destinés à irriguer les cultures en été.
Ces bassines sont une aberration écologique. Elles assèchent les sols, menacent la biodiversité et ne profitent qu’à une agriculture productiviste.
Un opposant au projet
Un projet d’irrigation pharaonique
Mais les défenseurs des bassines, eux, arguent de la nécessité d’adapter l’agriculture au changement climatique. Avec des étés plus secs et des sécheresses récurrentes, stocker l’eau pour irriguer serait vital. Le projet prévoyait ainsi la construction de 16 réserves, pour un volume total de 6 millions de m3 d’eau. De quoi sécuriser l’irrigation de 15 000 hectares de cultures.
- 16 bassines prévues
- 6 millions de m3 d’eau stockés
- 15 000 hectares de cultures irriguées
L’avenir du projet en suspens
Avec la décision de la cour d’appel, c’est tout l’avenir du projet qui est remis en question. Les promoteurs devront obtenir une dérogation pour atteinte aux espèces protégées s’ils veulent maintenir les bassines. Une procédure longue et complexe, dont l’issue est incertaine. D’autant que la mobilisation contre ces réserves ne faiblit pas, comme l’ont montré les manifestations récentes sur le site.
On ne lâchera rien. Ces bassines ne verront pas le jour, c’est une question de survie !
Un militant écologiste
Cette décision de justice marque-t-elle un tournant dans la prise en compte des enjeux environnementaux face aux projets agricoles d’envergure ? Une chose est sûre, le dossier des bassines de Sainte-Soline est loin d’être refermé. Entre recours juridiques et mobilisation sur le terrain, l’eau promet de continuer à faire couler beaucoup d’encre dans le Poitou.