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Acquittement Requis Pour Deux Accusés du Procès Paty

Rebondissement au procès de l'assassinat de Samuel Paty : les avocats de deux accusés clés, Brahim Chnina et Abdelhakim Sefrioui, plaident leur acquittement, niant tout lien avec le terroriste malgré leur virulente campagne contre le professeur. Le verdict pourrait faire jurisprudence...

Alors que le procès des assassins de Samuel Paty se poursuit à Paris, les avocats de deux des principaux accusés ont créé la surprise en réclamant leur acquittement pur et simple. Brahim Chnina, père d’une collégienne, et Abdelhakim Sefrioui, militant islamiste, sont poursuivis pour avoir lancé une virulente campagne contre l’enseignant sur les réseaux sociaux, qualifiée de « fatwa numérique » par l’accusation.

Une « cabale » sans lien direct avec l’attentat ?

Pourtant, leurs avocats affirment qu’aucun élément ne permet de les relier à l’assassin, Abdoullakh Anzorov. « Il n’y a aucun lien direct ou indirect entre Abdelhakim Sefrioui et Abdoullakh Anzorov », a plaidé Me Colomba Grossi, avocate de l’activiste pro-palestinien, connu pour ses prêches enflammés.

De son côté, la défense de Brahim Chnina, le parent d’élève qui avait appelé à la mobilisation contre Samuel Paty après le cours sur les caricatures de Mahomet, rejette également l’accusation d’association de malfaiteurs terroriste. « Il n’y a rien de terroriste chez Brahim Chnina », a soutenu son conseil Me Nabil Ouchikli, dénonçant un procès symbolique sous pression médiatique.

Des peines « trop clémentes » pour le parquet

Ces demandes d’acquittement contrastent avec les réquisitions jugées relativement clémentes du parquet antiterroriste. Lundi, les procureurs ont réclamé 10 et 12 ans de réclusion criminelle contre Chnina et Sefrioui, assortis d’une période de sûreté des deux tiers et d’une interdiction du territoire français pour ce dernier.

Ces peines ont déçu les parties civiles, qui dénoncent le caractère terroriste de la campagne numérique. L’enquête a en effet montré comment les messages et vidéos postés par les deux hommes sur Facebook et YouTube ont contribué à désigner Samuel Paty comme cible dans un contexte de tension extrême après la republication des caricatures par Charlie Hebdo.

Leurs excuses ça n’ira jamais, on n’en veut pas.

Louise Tort, avocate de Brahim Chnina

La défense joue la carte de l’émotion

Face à la gravité des faits, les avocats des deux accusés ont misé sur la détresse psychologique de leurs clients. Me Louise Tort a décrit Brahim Chnina comme un homme « écrasé par l’horreur du crime », qui ne cesse de pleurer et « s’excuse » depuis quatre ans.

Quant à Abdelhakim Sefrioui, il est apparu diminué et confus à la barre, peinant à expliquer son rôle exact. Ses conseils ont pointé du doigt une forme de « marginalité » de ce prédicateur vieillissant et solitaire, sans parvenir à totalement le dédouaner.

Un procès pour l’histoire

Au-delà des responsabilités individuelles, le procès Paty cristallise les débats sur le séparatisme islamiste et ses « dégâts à fragmentation » dans la société française. La décapitation de ce professeur, coupable aux yeux de ses détracteurs d’avoir « insulté le prophète », a suscité une onde de choc nationale et internationale.

Quel que soit le verdict attendu pour le 7 juillet concernant Chnina et Sefrioui, beaucoup espèrent que les treize jours d’audience permettront de comprendre l’engrenage ayant conduit à ce drame, et d’en tirer les leçons pour lutter contre l’hydre islamiste. Un procès historique à plus d’un titre.

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