Après plus de 13 années d’un conflit dévastateur, un vent de changement semble souffler sur la Syrie. La chute récente du régime de Bachar al-Assad ouvre la voie à une transition politique majeure, mais le chemin vers la paix et la stabilité s’annonce encore long et semé d’embûches. Dans ce contexte, l’ONU appelle à l’organisation d’élections « libres et justes » et à une aide humanitaire immédiate pour panser les plaies d’un pays meurtri.
L’espoir d’un nouveau départ démocratique
Avec la mise en place d’un gouvernement de transition par la coalition rebelle jusqu’au 1er mars, la priorité est désormais de garantir un processus électoral transparent et inclusif. L’envoyé spécial de l’ONU en Syrie, Geir Pedersen, a martelé depuis Damas la nécessité d’élections « libres et justes » pour tourner définitivement la page de l’ère Assad et construire une Syrie unie et démocratique.
Signe d’un retour progressif à la normale, l’aéroport de Damas a vu décoller mercredi son premier avion depuis le 8 décembre. Les nouveaux dirigeants s’emploient à rassurer sur leur capacité à relancer et réunifier le pays, promettant notamment une « amnistie » aux anciens soldats et policiers. Mais la route est encore longue pour restaurer la confiance et panser les blessures.
Les défis de la reconstruction
Après 13 ans d’une guerre civile dévastatrice qui a fait plus de 500 000 morts et des millions de réfugiés, l’ampleur de la tâche pour reconstruire le pays est immense. Sept Syriens sur dix ont aujourd’hui besoin de l’aide internationale selon l’ONU, qui appelle à une « aide humanitaire immédiate » pour soulager les souffrances et jeter les bases d’une « reprise économique ».
Le représentant onusien a aussi souligné la nécessité d’une « solution politique » concernant les zones autonomes kurdes dans le nord-est, qui constituent l’un « des plus grands défis » pour le nouveau pouvoir en place. Si l’administration kurde a adopté le nouveau drapeau syrien en geste d’apaisement, la crainte de perdre son autonomie reste vive au sein de cette communauté longtemps opprimée.
Vers une transition « inclusive »
Au Conseil de sécurité de l’ONU, les membres, y compris la Russie, ont appelé à une transition « inclusive » et « menée par les Syriens », tout en soulignant le besoin que « la Syrie et ses voisins s’abstiennent chacun de toute action ou interférence qui pourrait mettre à mal la sécurité de l’autre ». Un message clair à l’intention de la Turquie notamment, qui considère les forces kurdes comme une menace.
Plusieurs pays occidentaux ont rencontré les nouveaux dirigeants à Damas, martelant la nécessité du respect des droits de tous dans un pays multiethnique et multiconfessionnel. L’enjeu est aussi d’éviter une résurgence des groupes jihadistes comme l’État islamique, que les Forces démocratiques syriennes continuent de combattre avec le soutien de Washington.
La prochaine étape serait la dissolution des factions armées, à commencer par la sienne, pour les fondre au sein de la future institution militaire.
Mourhaf Abou Qasra, chef militaire de HTS
Si ces défis restent immenses, une chose est sûre : la Syrie est à l’aube d’un nouveau chapitre de son histoire tourmentée. Il faudra du temps pour panser les blessures et retrouver la paix et l’unité. Mais en appelant à des élections libres et à l’aide humanitaire, en prônant une transition inclusive respectueuse de tous, l’ONU montre la voie à suivre pour tourner enfin la page d’un conflit qui n’a que trop duré.