C’est un rebondissement inattendu dans l’affaire qui secoue le milieu des agents de footballeurs. Le procès très attendu de Badou Sambague, avocat mandataire sportif, et de trois agents licenciés par la Fédération Française de Football (FFF), Martial Kodjia, Antonin Mendy et Lasana Koïta, accusés d’exercice illégal de la profession d’agent, vient d’être repoussé au mois de novembre 2025. Une décision prise ce mercredi matin par le président du tribunal correctionnel de Paris.
Les prévenus absents, l’administration fiscale aussi
Le président Gérald Bégranger a justifié cet ajournement par deux raisons principales. D’une part, l’absence des prévenus à l’audience de ce jour. D’autre part, et surtout, l’absence de représentants de l’administration fiscale, alors même que Badou Sambague est aussi poursuivi pour fraude fiscale. Un chef d’accusation vraisemblablement jugé capital dans ce dossier.
De plus, le magistrat a estimé que les trois demi-journées initialement prévues pour examiner cette affaire complexe seraient sans doute insuffisantes. Il a donc décidé d’ajouter une matinée supplémentaire aux audiences déjà fixées en novembre 2025.
Des avocats mécontents venus de loin
Certains avocats de la défense, dont plusieurs venaient de région parisienne mais aussi de Marseille, n’ont guère apprécié ce report de dernière minute. Et pour cause, ils n’en ont été informés qu’en entrant dans la salle d’audience. Un contretemps fâcheux qui va obliger tout ce petit monde à revoir son agenda.
Le rôle controversé des avocats mandataires sportifs
Pour rappel, les quatre prévenus sont soupçonnés d’avoir mis en place un système illégal permettant à Badou Sambague, en sa qualité d’avocat mandataire sportif, de percevoir des commissions sur des transferts ou des prolongations de contrat de joueurs. Pour ce faire, il aurait utilisé les licences d’agent FFF de ses trois co-prévenus.
Un procédé qui fut un temps dans une zone grise, plus ou moins toléré par les instances du football. Mais les règles se sont durcies ces dernières années, notamment sous la pression de la FIFA, qui entend mieux encadrer l’activité des intermédiaires.
Les avocats mandataires, de par leur statut, ont longtemps bénéficié d’un flou juridique leur permettant d’intervenir sur le marché des transferts. Mais l’étau se resserre.
Un agent de joueurs sous couvert d’anonymat
De Dembélé à Simakan, des transferts dans le viseur
Parmi les transactions qui intéressent les enquêteurs, on retrouve celles impliquant des joueurs bien connus du grand public :
- Ousmane Dembélé, international français et ailier du PSG
- Amine Harit, milieu offensif marocain de Galatasaray
- Mohamed Simakan, jeune défenseur français transféré récemment à Al-Nassr FC en Arabie Saoudite
- Timothy Weah, international américain et attaquant au Los Angeles FC
Selon nos informations, les enquêteurs cherchent à déterminer si les commissions perçues par Badou Sambague sur ces différentes opérations l’ont été en toute légalité. Ils s’intéressent aussi au rôle exact joué par les trois autres prévenus.
Jusqu’à 5 ans de prison et 375 000€ d’amende
Les chefs d’accusation sont lourds. L’avocat risque gros s’il est reconnu coupable d’exercice illégal de la profession d’agent sportif, mais aussi de blanchiment aggravé et fraude fiscale. Il encourt jusqu’à 5 ans de prison et 375 000 euros d’amende.
Quant à Martial Kodjia, Antonin Mendy et Lasana Koïta, ils devront répondre de corruption passive et de complicité d’exercice illégal de l’activité d’agent sportif. Des délits passibles de 5 ans d’emprisonnement et 500 000 euros d’amende.
Autant dire que tous les acteurs du football français suivront avec attention ce procès, qui pourrait faire jurisprudence et redéfinir les contours d’une profession en pleine mutation. Rendez-vous donc en novembre 2025 pour un nouvel épisode de cette affaire hors normes.
