Les Français vont devoir s’accommoder d’une nouvelle hausse des tarifs de leurs mutuelles santé en 2025. D’après les dernières projections de la Mutualité française, qui rassemble les principales complémentaires santé, les cotisations devraient augmenter de 6% en moyenne l’année prochaine. Un chiffre qui reste inférieur aux 8,1% de 2024 mais qui demeure bien supérieur aux hausses observées lors de la dernière décennie.
Les raisons derrière cette augmentation
La hausse des tarifs des mutuelles était prévisible. Elle s’explique principalement par la croissance continue des dépenses de santé en France, estimée à +5,2% pour 2023. Plusieurs facteurs structurels sont en cause :
- Le vieillissement de la population, qui entraîne mécaniquement plus de soins et de remboursements
- L’accès à de nouveaux traitements et technologies médicales plus coûteuses
- La meilleure reconnaissance des métiers de santé avec des revalorisations salariales
À cela s’ajoute une tendance des pouvoirs publics à transférer certaines dépenses de l’Assurance Maladie vers les complémentaires santé. C’est le cas par exemple pour les soins dentaires, dont les mutuelles assument désormais 40% des remboursements contre 30% auparavant.
Des hausses de tarifs différenciées selon les contrats
Si la hausse moyenne sera de 6% en 2025, tous les assurés ne seront pas logés à la même enseigne. D’après les estimations :
- Les contrats individuels, souscrits notamment par les retraités, augmenteront de 5,3% en moyenne
- Les contrats collectifs obligatoires d’entreprise grimperont de 7,3%
- Les contrats collectifs facultatifs connaîtront une inflation de 6,8%
Les retraités, déjà confrontés à des cotisations élevées en raison de leur âge et de leurs besoins de santé accrus, seront donc un peu moins impactés que la moyenne. À l’inverse, les contrats d’entreprise, qui avaient été relativement épargnés ces dernières années, rattraperont leur retard.
Comment faire face à cette hausse ?
Face à cette augmentation jugée « inévitable » par les mutuelles, les assurés disposent de peu de marges de manœuvre. Quelques pistes peuvent néanmoins être explorées pour tenter de limiter la facture :
- Renégocier son contrat ou faire jouer la concurrence lors de l’échéance annuelle, en étant attentif au rapport garanties/prix
- Adapter ses garanties : certains postes peu utilisés peuvent être revus à la baisse pour réduire la cotisation
- Vérifier son éligibilité à la Complémentaire Santé Solidaire pour les ménages modestes
- Privilégier dans la mesure du possible le système de soins coordonnés (parcours de soins, générique…) pour limiter les dépassements
Nous comprenons que les personnes s’interrogent sur cette augmentation mais celle-ci se fait au niveau strictement nécessaire pour pérenniser la protection de tous.
Éric Chenut, président de la Mutualité française
Au-delà de l’année 2025, la question du financement durable de notre système de santé se pose avec acuité. Les dépenses progressent structurellement plus vite que la richesse nationale, une tendance difficile à infléchir avec le vieillissement de la population et le progrès médical.
Une réflexion collective s’impose pour préserver notre modèle solidaire, basé sur un accès aux soins de qualité pour tous, sans faire peser une charge insoutenable sur les assurés. Un défi majeur pour les années à venir, qui appellera des arbitrages délicats entre maîtrise des coûts, niveau de prise en charge et investissement dans la prévention.
