Dans un contexte politique agité marqué par une succession de crises, un événement sans précédent vient de se produire. Sept des huit principales organisations patronales et syndicales françaises ont décidé d’unir leurs voix pour lancer un appel solennel au retour au calme et à la stabilité. Une initiative forte et inédite face aux turbulences qui secouent le pays.
Un signal d’alarme face à une situation explosive
Medef, CPME, U2P côté patronat, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC côté syndicats : ces organisations habituées à défendre des intérêts souvent divergents ont choisi de mettre leurs différends de côté pour tirer collectivement la sonnette d’alarme. Dans un communiqué commun publié mardi, ils expriment leur vive inquiétude face à « l’instabilité dans laquelle a basculé notre pays » et qui « fait peser sur nous le risque d’une crise économique aux conséquences sociales dramatiques ».
Les signataires pointent du doigt les effets délétères de l’incertitude ambiante sur la sphère économique :
« D’ores et déjà, des projets d’investissements sont gelés, les intentions d’embauches sont révisées, les défaillances d’entreprises de toutes tailles se multiplient au point d’atteindre un niveau inconnu depuis longtemps ».
Un constat alarmant qui fait écho aux nombreuses mises en garde émises ces dernières semaines par les milieux économiques, de plus en plus fébriles face aux soubresauts politiques.
Instabilité politique chronique
Il faut dire que le climat est particulièrement tendu depuis plusieurs mois dans l’Hexagone. Entre la dissolution surprise de l’Assemblée nationale au printemps, les législatives anticipées qui ont débouché sur une majorité relative, les difficultés à former un gouvernement stable et la récente censure de l’exécutif Barnier, les secousses politiques s’enchaînent à un rythme effréné.
Une valse incessante qui pèse sur la confiance des acteurs économiques et fait planer le spectre d’une récession. La crainte d’un « échec français », avec son lot de fermetures d’entreprises et de destructions d’emplois, n’a jamais semblé aussi palpable.
Un appel à la responsabilité
Face à cette situation explosive, patronat et syndicats appellent solennellement les responsables politiques à prendre leurs responsabilités. « Il est de notre devoir de vous alerter sur les risques qu’une telle instabilité génère », martèlent-ils, exhortant à « retrouver au plus vite le chemin de la stabilité, de la visibilité et de la sérénité ».
Un appel qui se veut constructif et ouvert au dialogue, les signataires rappelant que « la voie du paritarisme, qui passe par le dialogue, la négociation collective et la construction de compromis, est en capacité d’apporter des réponses concrètes » à la crise.
La CGT se démarque
Seule absente notable parmi les grandes centrales syndicales : la CGT. Sa secrétaire générale Sophie Binet a justifié ce refus de s’associer :
« Ce texte pose problème car il fait reposer sur l’instabilité politique la responsabilité de la crise économique et des licenciements. Or, ceux-ci sont le résultat du naufrage de la politique de l’offre et de l’irresponsabilité des grands groupes et du patronat ».
Pour la CGT, la priorité est ailleurs. « Le texte occulte le fait que la stabilité politique passe par la réponse aux exigences sociales », insiste Sophie Binet, regrettant que le communiqué ne mentionne pas la question des salaires et du pouvoir d’achat, grande absente à ses yeux.
Le paritarisme à l’épreuve
Malgré cette dissension, l’unité affichée par les 7 autres organisations constitue un événement en soi. Elle témoigne de l’inquiétude grandissante des corps intermédiaires face à une situation qui semble de plus en plus hors de contrôle. Un sentiment partagé bien au-delà des partenaires sociaux, comme en attestent les récents sondages d’opinion qui font état d’une défiance record des Français envers la classe politique.
Reste à savoir si cet appel sera entendu dans les plus hautes sphères de l’État. Et s’il suffira à colmater les brèches d’un édifice social et économique chaque jour plus fragilisé. Une chose est sûre : rarement l’unité des partenaires sociaux n’aura semblé aussi cruciale pour éviter le naufrage. Et le paritarisme, aussi vital pour retisser le lien distendu entre le sommet et la base de la société française.
Les prochaines étapes
Tous les regards sont désormais tournés vers l’Élysée et Matignon, dont les réactions sont attendues avec fébrilité. Le président de la République, qui consulte actuellement pour tenter de rebâtir une majorité, saura-t-il saisir la main tendue ? Le futur Premier ministre sera-t-il en mesure d’apaiser le jeu ? Les prochains jours s’annoncent décisifs.
Syndicats et patronat, eux, assurent qu’ils resteront « comme toujours au rendez-vous du dialogue et de la responsabilité ». Un engagement crucial à l’heure où la France retient son souffle, suspendue aux soubresauts d’une vie politique en plein maelström. Avec l’espoir qu’au bout du tunnel, la lumière de la raison finisse par l’emporter. Car c’est bien l’avenir du pays qui se joue en ce moment.