Dans une avancée significative, les négociateurs de la Serbie et du Kosovo sont parvenus mardi à un accord à Bruxelles visant à accélérer la recherche des plus de 1600 personnes toujours portées disparues depuis la guerre dévastatrice qui a déchiré la région de 1998 à 1999. Cet accord, conclu après une année tumultueuse marquée par des tensions et incidents, représente un pas important vers la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina.
Un lourd bilan et des familles en quête de réponses
La guerre du Kosovo, qui a opposé les forces serbes à la guérilla indépendantiste albanaise de l’UCK, a fait environ 13 000 morts, majoritairement des Albanais du Kosovo. Selon les estimations, sur les 6065 personnes portées disparues entre le 1er janvier 1998 et le 31 décembre 2000, 1607 cas restent non élucidés à ce jour, laissant de nombreuses familles dans l’incertitude et la douleur.
Les détails de l’accord
Le négociateur en chef serbe, Petar Petkovic, et son homologue kosovar, Besnik Bislimi, ont convenu de la création d’un groupe de travail conjoint. Celui-ci sera chargé de superviser la mise en œuvre de la déclaration adoptée en mai dernier par les dirigeants des deux pays, le président serbe Aleksandar Vucic et le Premier ministre kosovar Albin Kurti.
Cette déclaration pose les bases d’une coopération entre les deux parties pour identifier les lieux de sépulture et garantir un accès total aux informations permettant de localiser et d’identifier les disparus. La commission conjointe nouvellement créée apportera son soutien au groupe de travail, qui restera présidé par le Comité international de la Croix-Rouge comme auparavant.
Réactions et espoirs
Si les négociateurs saluent cet accord comme une « nouvelle positive », ils soulignent la nécessité de le traduire en résultats concrets sur le terrain. L’Union européenne, qui a apporté son soutien aux négociations, a pour sa part insisté sur « l’urgence de déployer des efforts supplémentaires pour permettre aux familles touchées et à l’ensemble de la communauté de tourner la page ».
Cet accord intervient dans un contexte toujours tendu entre la Serbie et son ancienne province, dont elle n’a jamais reconnu l’indépendance proclamée en 2008. La recherche des disparus représente un enjeu humanitaire crucial, mais aussi un pas symbolique vers la réconciliation et l’apaisement des mémoires dans une région durablement marquée par les conflits.
Un long chemin vers la normalisation
Malgré l’importance de cet accord, le chemin vers une normalisation complète des relations serbo-kosovares s’annonce encore long et parsemé d’obstacles. Outre la question des disparus, de nombreux dossiers épineux restent à régler, qu’il s’agisse du statut des municipalités serbes au Kosovo, de la protection des sites religieux ou du rôle de la communauté internationale.
Néanmoins, chaque avancée, même modeste, contribue à consolider la paix et la stabilité dans les Balkans. En s’attaquant au douloureux héritage de la guerre, la Serbie et le Kosovo ouvrent la voie à un avenir commun apaisé, où la coopération l’emporte sur les divisions du passé. C’est un message d’espoir pour toute une région qui aspire à tourner définitivement la page des conflits.