La nomination de François Bayrou au poste de Premier ministre ne cesse de faire des vagues. À peine installé à Matignon, le centriste essuie déjà une pluie de critiques sur ses premiers pas controversés. Entre la crise à Mayotte reléguée au second plan et le cumul des mandats assumé, les choix du nouveau locataire de Matignon suscitent l’incompréhension et l’indignation des oppositions.
Mayotte en crise, Bayrou à Pau : la polémique enfle
Alors que Mayotte panse ses plaies après le passage dévastateur du cyclone Chido, François Bayrou a brillé par son absence. Le chef du gouvernement a préféré présider le conseil municipal de Pau lundi soir, plutôt que de participer à la réunion de crise organisée à Paris sur la situation mahoraise. Un choix vivement dénoncé par les oppositions.
« C’est une faute politique majeure », s’est indigné un cadre de la France Insoumise. « Les Mahorais attendaient un signe fort de l’État, ils ont eu une gifle », a renchéri un député Les Républicains. Même au sein de la majorité, certains n’ont pas caché leur embarras face à cette décision jugée maladroite.
Cumul des mandats maintenu : le choix de la proximité
En plus d’assumer son absence lors de la réunion sur Mayotte, François Bayrou revendique sa volonté de conserver son mandat de maire de Pau. Un cumul des fonctions qui détonne alors que la pratique est devenue marginale pour les locataires de Matignon. Le premier ministre met en avant sa proximité avec les réalités locales.
Garder un ancrage territorial est essentiel pour comprendre les préoccupations concrètes des Français.
a déclaré François Bayrou selon une source proche.
Mais ses opposants y voient surtout la marque d’un agenda surchargé et d’un manque de hauteur de vue préjudiciable à sa mission de chef de gouvernement. La pratique du cumul, bien que légale, apparaît en décalage avec l’air du temps et les attentes croissantes de renouvellement du personnel politique.
La méthode Bayrou en question
Au-delà de ces polémiques, c’est la méthode de François Bayrou qui suscite des interrogations. Adepte affiché du dialogue et du compromis, le centriste compte s’appuyer sur des consultations élargies pour définir son action. Mais cette approche soulève des doutes sur sa capacité à imprimer une direction claire.
- Comment dégager des consensus sur des dossiers clivants comme les retraites ou l’écologie ?
- Le spectre de l’immobilisme plane sur un gouvernement qui cherche à contenter tout le monde.
Conscient de ces écueils, François Bayrou promet d’avancer « par étapes » et de rechercher des « équilibres ». Un pari risqué à l’heure où les défis s’amoncellent. Entre urgence climatique, précarité galopante et tensions sociales, les attentes des Français sont immenses. Le premier ministre devra vite trouver le bon tempo pour ne pas décevoir.
Un début de mandat sous pression
Cette entrée en matière délicate place d’emblée François Bayrou sous pression. Face à une Assemblée nationale morcelée où chaque voix compte, le locataire de Matignon doit rapidement asseoir son autorité et rassembler au-delà de son seul camp. Un défi de taille alors que les oppositions, de la NUPES au RN, promettent une résistance sans merci.
Pour y parvenir, le premier ministre mise sur son expérience politique et sa réputation de négociateur. Mais il devra aussi faire preuve de fermeté pour ne pas donner l’image d’un gouvernement flottant, otage des rapports de force parlementaires. Un numéro d’équilibriste périlleux.
Les prochaines semaines s’annoncent donc décisives pour François Bayrou. Entre votes serrés au Palais Bourbon et arbitrages budgétaires douloureux, le premier ministre va vite découvrir qu’à Matignon, l’état de grâce est souvent de courte durée. À lui de démontrer qu’il a les épaules pour tenir la barre malgré la tempête.