Au lendemain du passage dévastateur du cyclone Chido, le département français de Mayotte peine à se relever. Les paysages de désolation s’étendent à perte de vue : collines ravagées, amas de tôles et de bois enchevêtrés, arbres déracinés. L’un des cyclones les plus puissants depuis près d’un siècle a laissé derrière lui un territoire meurtri. Mais au cœur du chaos, un peuple résilient se dresse, main dans la main, pour reconstruire.
Mayotte face à l’apocalypse
Le quartier informel de La Vigie, à Pamandzi, a été rayé de la carte. « C’était comme un rouleau compresseur qui a tout écrasé », témoigne Nasrine, une enseignante. Là où se dressait un bidonville, il ne reste que des collines dénudées, témoins silencieux de la furie des éléments. Les habitants tentent de retrouver leurs repères au milieu de ce qui fut leur foyer.
On n’est pas censés voir la mer d’ici. Avant, la végétation couvrait toute la vue.
Nasrine, enseignante à Mayotte
Touharati Ali Moudou, une mère de famille récemment arrivée des Comores, a tout perdu. Sa maison s’est effondrée sous les assauts du vent. Malgré les appels à se réfugier dans un gymnase, elle est restée, pour veiller sur son père âgé. Un choix qui aurait pu lui être fatal, mais la chance était de son côté. Seuls quelques blessés sont à déplorer parmi ses proches.
Un bilan humain incertain
Officiellement, les autorités font état de 22 morts. Mais sur le terrain, personne n’y croit. Les communications sont quasi-inexistantes, le réseau mobile et internet au mieux aléatoire. Seule la radio offre quelques bribes d’information. Selon certaines sources, le préfet de l’île aurait évoqué des centaines, voire des « milliers de morts » pas encore comptabilisés. Un bilan qui reste à confirmer.
Entraide et système D
Face à l’ampleur de la catastrophe, les Mahorais se serrent les coudes. L’entraide et la débrouille sont les maîtres-mots. Déjà, les habitants s’activent pour déblayer les routes et dégager les câbles électriques, bravant les consignes de prudence. « Partager, c’est le maître-mot en ce moment », souligne Nasrine. Des voisins se retrouvent pour cuisiner ensemble sur des installations de fortune, un adolescent bricole un système de récupération d’eau avec une bouteille en plastique.
L’urgence de reconstruire
Partout dans l’île, les habitats informels où vivent près d’un tiers de la population ont été dévastés. À Kawéni, le plus grand bidonville de France en périphérie de Mamoudzou, la priorité est de reconstruire avant l’arrivée de la saison des pluies. Les coups de marteaux sur la tôle rythment le quotidien, « la nouvelle mélodie de Mamoudzou » comme le note poétiquement un étudiant.
Touharati Ali Moudou s’active déjà pour bâtir un nouvel abri de fortune pour sa famille. Mais pour la majorité de la population, immigrée et sans-papiers, l’aide de l’État semble illusoire. Seuls 10% des Mahorais seraient assurés selon les estimations. Une situation précaire qui rend la reconstruction d’autant plus ardue.
Mayotte se relève
Malgré l’adversité, Mayotte se relève peu à peu. La solidarité et la résilience permettent de surmonter les premières épreuves. Mais le chemin sera long pour effacer les stigmates du cyclone Chido, le plus dévastateur depuis près d’un siècle. Au milieu des décombres, le peuple mahorais puise sa force dans l’entraide. Unis face au chaos, les habitants reconstruisent ensemble, avec les moyens du bord, pour se forger un avenir meilleur. Un combat de chaque instant, pour redonner vie à ce département français meurtri.