Alors que le régime de Bachar al-Assad a été renversé le mois dernier en Syrie après près de 14 ans de guerre civile, l’ONU appelle à la prudence concernant un éventuel retour massif des millions de réfugiés syriens. Selon Amy Pope, directrice générale de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), les infrastructures du pays ne seraient pas en mesure d’absorber un tel afflux dans l’immédiat.
Un million de retours possibles, mais des inquiétudes persistent
L’ONU estime qu’un million de réfugiés syriens pourraient retourner dans leur pays entre janvier et juin 2025. Cependant, Amy Pope souligne que sans investissements conséquents pour stabiliser et reconstruire la Syrie, un retour précipité ne ferait que déstabiliser davantage le pays et pourrait provoquer de nouvelles vagues migratoires.
Depuis la chute d’Assad début décembre, environ 100 000 réfugiés seraient déjà rentrés de l’étranger et 150 000 déplacés internes auraient regagné leur région d’origine. Mais dans le même temps, des dizaines de milliers auraient aussi fui le pays, notamment parmi les minorités religieuses.
Des minorités qui s’inquiètent pour leur sécurité
Si le nouveau gouvernement intérimaire, dirigé par le groupe sunnite radical HTS, s’est engagé à respecter toutes les composantes de la société, des members de la communauté chiite et des responsables chrétiens ont fait part de leurs craintes. Dans un pays à majorité sunnite, ces minorités redoutent de potentielles menaces malgré les promesses des nouvelles autorités.
Le moment viendra où les gens pourront revenir chez eux.
Amy Pope, directrice générale de l’OIM
D’immenses besoins humanitaires
Amy Pope rappelle que plus de 16 millions de Syriens, soit près des trois quarts de la population, ont actuellement besoin d’aide humanitaire, que ce soit en termes d’abris, de nourriture, d’hygiène, d’eau, d’assainissement ou de santé. Pourtant, l’appel de fonds de 4 milliards de dollars lancé par l’ONU n’a atteint que 28% de son objectif.
Au-delà des aspects matériels, la sécurité reste également une source d’inquiétude majeure. Des affrontements se poursuivent dans le nord entre forces kurdes et groupes pro-turcs malgré la chute du clan Assad, rappelant que le conflit est loin d’être terminé.
Selon l’ONU, la Syrie a besoin d’un « flux d’aide massive » alors que le pays est dans une « situation extrêmement dramatique« . Si Amy Pope se veut optimiste à long-terme, estimant que les réfugiés pourront un jour rentrer chez eux, elle appelle la communauté internationale à tout mettre en oeuvre pour stabiliser le pays avant d’envisager des retours massifs. Un défi titanesque après plus d’une décennie de guerre dévastatrice.