Au Nicaragua, un modèle répressif d’une ampleur inédite menace les droits humains de tous les citoyens. Selon un rapport alarmant d’Amnesty International, le gouvernement du président Daniel Ortega et de son épouse, la vice-présidente Rosario Murillo, ne tolère aucune voix dissidente et n’hésite pas à emprisonner, exiler ou faire disparaître quiconque est perçu comme une menace.
Un climat de peur généralisé
D’après les experts d’Amnesty, personne n’est à l’abri de la répression orchestrée par le couple présidentiel. Que vous soyez un leader autochtone défendant les droits de votre communauté, un journaliste enquêtant sur la corruption ou un simple citoyen exprimant son désaccord avec les politiques gouvernementales, vous risquez d’être brutalement réduit au silence.
Le régime Ortega-Murillo a instauré un véritable climat de terreur où toute forme de dissidence est passible des pires châtiments. Depuis les manifestations antigouvernementales de 2018, qui ont été sauvagement réprimées faisant au moins 300 morts selon l’ONU :
- Des centaines de personnes croupissent injustement derrière les barreaux
- Des milliers d’opposants ont dû fuir le pays, contraints à l’exil
- 45 prisonniers politiques seraient actuellement détenus de façon arbitraire
- Plus de 2000 arrestations abusives et 229 cas de torture ont été recensés
La criminalisation de toute voix dissidente
Pour Ana Piquer, directrice des Amériques chez Amnesty International, le constat est sans appel. Le gouvernement nicaraguayen doit cesser immédiatement toute pratique répressive et mettre fin à la criminalisation systématique de ceux qui osent s’opposer à lui. Les droits humains les plus fondamentaux doivent être pleinement garantis.
Les autorités continuent de renforcer le climat de peur dans lequel toute dissidence est passible d’emprisonnement, d’exil ou de disparition.
Ana Piquer, Amnesty International
La déchéance de nationalité comme arme de répression massive
Depuis février 2023, le régime Ortega est allé encore plus loin dans sa folie répressive en déchu de leur nationalité près de 450 opposants, les privant ainsi de tous leurs droits. Politiciens, hommes d’affaires, journalistes, intellectuels, défenseurs des droits humains, membres du clergé… Tous ont été poussés à l’exil ou expulsés manu militari du pays.
Face à cette dérive autoritaire, Amnesty International exige la fin immédiate de ces pratiques abusives et le plein rétablissement des droits de toutes les personnes déchues arbitrairement de leur citoyenneté nicaraguayenne. Une demande qui semble hélas illusoire tant le couple présidentiel semble déterminé à transformer le pays en une véritable dictature.
Vers une autocratie absolue
Âgé de 79 ans, Daniel Ortega, ancien guérillero sandiniste, dirige le Nicaragua d’une main de fer depuis son retour au pouvoir en 2007. Au fil des années, lui et son épouse ont méthodiquement démantelé tous les contre-pouvoirs, modifiant la Constitution à de multiples reprises pour s’arroger les pleins pouvoirs.
Aujourd’hui, après l’adoption en novembre d’une énième réforme constitutionnelle, les Ortega-Murillo s’apprêtent à devenir officiellement « coprésidents » du Nicaragua. Une fois ratifiée, cette réforme leur permettra de contrôler totalement les organes législatif, judiciaire, électoral ainsi que les régions et municipalités du pays, balayant les derniers vestiges d’indépendance de ces institutions.
Décrié par les États-Unis, l’Union Européenne et de nombreux pays d’Amérique latine, l’implacable régime Ortega continue pourtant de se renforcer, transformant chaque jour un peu plus le Nicaragua en une sinistre autocratie où les droits humains ne sont plus qu’un lointain souvenir. Une dérive terrifiante qui ne semble pas prête de s’arrêter.