En Hongrie, un nouvel amendement électoral adopté mardi par le Parlement suscite une vive controverse. Ce texte, présenté par le parti Fidesz du Premier ministre Viktor Orban, redessine en profondeur le paysage politique du pays en remaniart notamment les circonscriptions électorales de la capitale Budapest.
Un amendement taillé sur mesure pour le parti au pouvoir ?
Selon l’opposition, cette réforme vise clairement à renforcer l’avantage du Fidesz en vue des prochaines élections législatives prévues au printemps 2026. En effet, la capitale hongroise, considérée comme un bastion progressiste, perdrait deux députés au profit des provinces rurales réputées plus conservatrices et favorables à Viktor Orban.
Le gouvernement justifie pour sa part cet amendement par la nécessité de prendre en compte l’évolution démographique, de nombreux habitants ayant quitté Budapest ces dernières années pour s’installer en périphérie. Mais pour beaucoup d’observateurs, il s’agit surtout d’un énième remodelage des règles électorales destiné à perpétuer la domination du Fidesz sur la vie politique hongroise.
🔴 Le Parlement hongrois a adopté un amendement modifiant les circonscriptions électorales, un texte jugé taillé sur mesure pour Viktor #Orban à 18 mois des législatives. https://t.co/C6y6XuCySm— Actu Hongrie 🇭🇺 (@actuhongrie) March 28, 2023
Viktor Orban, coutumier des réformes controversées
Le dirigeant nationaliste est déjà accusé d’avoir profondément remanié les institutions et les lois électorales en sa faveur depuis son retour au pouvoir en 2010. Parmi les réformes les plus critiquées, on peut citer :
- Le redécoupage des circonscriptions dès 2011
- L’octroi de la nationalité hongroise et du droit de vote aux minorités magyares des pays voisins
- L’autorisation du vote par correspondance pour ces nouveaux électeurs
Ces mesures ont permis au Fidesz de disposer d’un électorat acquis à sa cause au-delà des frontières, tout en rendant plus difficile la tâche des partis d’opposition dans les grandes villes.
Une radicalisation du régime face à une crise sans précédent
La modification des circonscriptions intervient alors que Viktor Orban traverse une période particulièrement difficile de son long règne. Selon plusieurs sondages, son parti serait désormais devancé par la formation dissidente emmenée par Peter Magyar, qui dénonce avec virulence la corruption endémique minant le pays.
Apparu il y a quelques mois à peine sur la scène politique, cet ancien proche du Premier ministre incarne un nouveau défi pour le Fidesz à l’approche d’échéances électorales décisives. Face à cette situation, Viktor Orban semble déterminé à utiliser tous les leviers à sa disposition pour conserver son emprise sur le pays.
« Depuis plus d’une décennie, il a truqué le système avant chaque scrutin afin de faire plier la volonté des électeurs. »
– Gergely Karacsony, maire écologiste de Budapest
Des inquiétudes pour l’état de droit et la démocratie
Au-delà de l’amendement sur les circonscriptions, le Parlement a adopté lors de cette session extraordinaire une vingtaine d’autres textes suscitant l’inquiétude de l’opposition démocratique. Parmi eux, une loi permettant de nommer un Procureur général en dehors du corps des magistrats.
Certains y voient un moyen pour Viktor Orban de placer un fidèle à ce poste stratégique pour les neuf prochaines années, et ainsi s’assurer une protection judiciaire même en cas de défaite électorale en 2026. Le gouvernement a cependant fermement démenti avoir une telle intention.
Mais pour de nombreux observateurs, cette frénésie législative de fin de mandat confirme la dérive autoritaire d’un régime prêt à tout pour se maintenir au pouvoir. À seulement 18 mois d’élections qui s’annoncent plus disputées que jamais, la Hongrie semble s’enfoncer chaque jour davantage dans une crise politique et institutionnelle majeure.