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L’Irlande du Nord ordonne une enquête sur un meurtre de 1997

27 ans après le meurtre d'un catholique en Irlande du Nord, la justice exige une enquête sur le rôle du Royaume-Uni. Un pas vers la vérité pour les familles des victimes des "Troubles" ?

Une décision de justice historique vient de tomber en Irlande du Nord. La Haute Cour de Belfast a en effet ordonné au gouvernement britannique d’ouvrir une enquête publique sur le meurtre d’un catholique en 1997, pendant la période sombre des « Troubles ». Cette affaire jette une lumière crue sur l’implication présumée d’agents britanniques dans ce crime.

Le juge Michael Humphreys a été on ne peut plus clair : pour lui, Londres a « l’obligation sans ambiguïté » de lancer des investigations sur l’assassinat de Sean Brown. Cet homme de 61 ans, père de six enfants, avait été kidnappé puis exécuté par un groupe paramilitaire loyaliste alors qu’il fermait son club de sport à Bellaghy, à l’ouest de Belfast. Un crime odieux qui n’avait jusqu’ici pas été élucidé.

Une bataille de 27 ans pour la vérité

Pour la famille de la victime, cette décision de justice représente une véritable victoire. Depuis 27 longues années, ils se battent sans relâche pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances de la mort de leur proche. Et les derniers développements leur donnent raison de croire qu’un tournant décisif est en train de s’opérer.

En effet, lorsque l’enquête a été relancée en Irlande du Nord, les proches de Sean Brown ont appris une information capitale : plus de 25 personnes seraient liées à son assassinat, dont des agents de l’État britannique. Une révélation explosive qui pourrait bien faire vaciller l’establishment.

Londres sommé de rendre des comptes

Face à ces éléments troublants, le juge Humphreys a estimé que le gouvernement britannique avait failli à ses obligations internationales en matière de droits humains. Ces dernières imposent en effet d’enquêter sur l’implication éventuelle de l’État dans des meurtres, y compris ceux survenus pendant le conflit nord-irlandais qui a ensanglanté la région de 1968 à 1998, faisant plus de 3500 morts.

Le refus initial de Londres d’ouvrir une enquête publique sur l’affaire Sean Brown apparaît dès lors difficilement compréhensible. Mais avec cette injonction de la justice, le Royaume-Uni n’aura d’autre choix que d’obtempérer et de jouer cartes sur table. Les familles des victimes, elles, espèrent enfin connaître la vérité.

Vers la fin de l’omerta sur les « Troubles » ?

Plus largement, cette affaire pourrait bien faire bouger les lignes sur les crimes non élucidés de la période des « Troubles ». Depuis l’accord de paix de 1998, 1200 décès font encore l’objet d’enquêtes policières selon le gouvernement britannique. Autant de plaies encore ouvertes pour les proches.

Une nouvelle commission, l’ICRIR, a d’ailleurs été mise en place le 1er mai pour tenter de faire la lumière sur ce sombre passé. Mais la loi qui l’a instituée, portée par le précédent gouvernement conservateur, est loin de faire l’unanimité. Qualifiée « d’amnistie » par ses détracteurs, elle doit mettre fin aux enquêtes et poursuites pénales pour les crimes liés au conflit, tout en accordant l’immunité aux anciens combattants.

Cette loi est une insulte aux victimes et une gifle à la justice.

Membre anonyme d’une association de victimes

Signe de l’extrême sensibilité du sujet, Dublin a même porté plainte contre Londres devant la Cour européenne des droits de l’Homme concernant ce texte controversé. Si le nouveau gouvernement travailliste s’est engagé à en amender certaines dispositions, il n’entend pas pour autant revenir sur la création de l’ICRIR.

Un chemin encore long vers la réconciliation

L’affaire Sean Brown montre en tout cas que malgré les années, les blessures des « Troubles » sont encore à vif. Et que le chemin vers une véritable réconciliation entre communautés et une paix durable est encore long et semé d’embûches.

Mais pour les familles des victimes comme celle de Sean Brown, chaque pas vers la vérité, si petit soit-il, est une victoire inestimable. Et elles sont déterminées à aller jusqu’au bout de leur combat pour que justice soit enfin rendue. Quel que soit le temps que cela prendra.

Car comme le disait Martin Luther King, « l’arc de l’univers moral est long, mais il se courbe vers la justice ». Une citation qui prend tout son sens dans le contexte nord-irlandais. Les développements à venir dans l’affaire Sean Brown et les autres cold cases des « Troubles » nous diront si cette maxime se vérifie. Les familles des victimes, elles, veulent y croire. Envers et contre tout.

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