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Polémique sur la commémoration des 50 ans de la mort de Franco

La commémoration des 50 ans de la mort de Franco en 2025 provoque une passe d'armes entre le gouvernement de gauche et l'opposition de droite en Espagne. Le débat ravive les blessures du passé et soulève la question de la mémoire historique dans un pays encore divisé...

À l’approche du 50e anniversaire de la mort du dictateur Francisco Franco en 2025, une vive polémique a éclaté entre le gouvernement de gauche et l’opposition de droite en Espagne. Au cœur du débat : la manière de commémorer cet événement historique qui soulève encore les passions dans un pays où les blessures du passé peinent à se refermer.

Le gouvernement veut célébrer « 50 années de liberté »

Le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a annoncé l’organisation d’une centaine d’événements en 2025 pour fêter « 50 années de liberté en Espagne » depuis la disparition de Franco le 20 novembre 1975, qui a ouvert la voie à la transition démocratique. Son gouvernement, qui était déjà à l’origine de l’exhumation très symbolique de la dépouille du Caudillo en 2019, entend ainsi réhabiliter la mémoire des victimes de la dictature.

Mais cette initiative passe mal auprès de l’opposition conservatrice. Le leader du Parti Populaire (PP) Alberto Núñez Feijóo a ironisé sur la « nostalgie de la confrontation entre Espagnols » du gouvernement, l’accusant de vouloir « déterrer Franco 100 fois » et de ramener le pays « aux années 40, 50, 60 et 70 ».

Le PP gêné par ses origines franquistes ?

La porte-parole du gouvernement Pilar Alegría a vertement répliqué, pointant du doigt les origines du PP, un parti fondé en 1989 par un ancien ministre de Franco. « Si le fait de célébrer la démocratie et la liberté ennuie quelqu’un, c’est pour le moins inquiétant », a-t-elle lancé, estimant que cela devait surtout provoquer « de la gêne » au sein d’une formation encore hantée par son passé.

La guerre civile, ce n’était pas seulement une bagarre entre nos grands-parents.

Pilar Alegría, porte-parole du gouvernement espagnol

L’Espagne face aux fantômes du franquisme

Plus de 45 ans après la mort de Franco, l’Espagne peine toujours à se réconcilier avec les pages sombres de son histoire. La loi de « mémoire démocratique » adoptée en 2022 par le gouvernement Sánchez pour réhabiliter les victimes de la dictature divise, et la droite promet son abrogation en cas de retour au pouvoir.

Cette polémique autour des commémorations de 2025 illustre à quel point le spectre du franquisme hante encore le débat politique espagnol. Entre ceux qui veulent tourner définitivement la page et ceux qui craignent qu’on oublie les leçons du passé, le consensus semble difficile à trouver.

Quel héritage pour les nouvelles générations ?

Au-delà des clivages partisans, c’est la question de la transmission de la mémoire aux jeunes générations qui se pose. Comment raconter cette période trouble de l’histoire espagnole à ceux qui ne l’ont pas vécue ? Comment tirer les enseignements du passé sans raviver les plaies ?

Pour le gouvernement, il s’agit de rendre hommage aux victimes et aux artisans de la démocratie, tout en envoyant un message d’unité et de concorde. Mais pour une partie de la droite, ressasser les vieux démons ne peut que fracturer davantage une société déjà polarisée.

Des commémorations sous haute tension

À deux ans de l’échéance, une chose est sûre : les commémorations du 50e anniversaire de la mort de Franco s’annoncent électriques. Dans un contexte de fortes tensions politiques, attisées par les affaires judiciaires visant l’entourage de Pedro Sánchez, chaque camp entend bien instrumentaliser ce moment symbolique.

Loin des postures et des invectives, c’est un véritable travail de mémoire, lucide et apaisé, dont l’Espagne aurait pourtant besoin pour affronter son passé et construire son avenir. Car comme le soulignait la porte-parole du gouvernement, la guerre civile et la dictature ne sont pas qu’une « bagarre entre grands-parents », mais un traumatisme profond dont les séquelles sont encore palpables.

Pour que 2025 ne soit pas qu’une nouvelle occasion de raviver les vieilles querelles, il faudra toute la sagesse et le sens des responsabilités d’une classe politique à la hauteur des enjeux. L’Espagne parviendra-t-elle à commémorer dans l’unité ce douloureux anniversaire ? Réponse dans deux ans.

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