Depuis le début de l’offensive russe en Ukraine en février 2022, une vague d’assassinats a frappé diverses personnalités russes et prorusses liées de près ou de loin au conflit, ciblant aussi bien des figures médiatiques que des responsables politiques et militaires. Ces attentats, pour la plupart attribués à Kiev par Moscou, se sont produits en Russie mais aussi dans les territoires ukrainiens occupés.
Les blogueurs et écrivains dans le viseur
Parmi les premières victimes de cette série noire, on retrouve Daria Douguina, fille de l’idéologue ultranationaliste Alexandre Douguine et farouche partisane de l’invasion russe en Ukraine. Le 20 août 2022, six mois après le début des hostilités, elle est tuée dans l’explosion de sa voiture près de Moscou. Quelques mois plus tard, le 2 avril 2023, c’est au tour du blogueur militaire prorusse Vladlen Tatarskiï de périr dans un attentat à la bombe dans un café de Saint-Pétersbourg. L’explosion, déclenchée par un cadeau piégé remis par une jeune femme, Daria Trepova, fait une trentaine de blessés. Mme Trepova sera condamnée à 27 ans de prison pour avoir agi sur les ordres de Kiev selon les autorités russes.
L’écrivain Zakhar Prilépine, autre fervent soutien de la guerre en Ukraine, n’échappe pas non plus aux attaques. Le 6 mai 2023, il est grièvement blessé et son chauffeur tué lorsque sa voiture explose dans la région de Nijni Novgorod.
Des officiers russes abattus
Mais les attentats ne visent pas que la sphère médiatique et littéraire. Le 16 octobre 2024, des inconnus ouvrent le feu sur le véhicule d’un officier russe près de Moscou, le tuant sur le coup. D’après des médias russes, il s’agirait d’un colonel des forces spéciales du renseignement militaire nommé Nikita Klenkov. Quelques jours plus tôt, les médias ukrainiens rapportaient déjà l’assassinat de Mikhaïl Chatski, haut responsable du bureau de construction militaire Mars en charge de la modernisation des missiles utilisés contre l’Ukraine.
Un mois auparavant, le 13 novembre, un autre gradé faisait les frais de cette vague de violence avec la mort du capitaine Valeri Trankovski, chef d’état-major d’une région de Crimée, dans l’explosion de sa voiture. Cette péninsule ukrainienne avait été annexée par Moscou en 2014.
Au tour des responsables prorusses en Ukraine occupée
Les territoires ukrainiens sous contrôle de Moscou ne sont pas épargnés non plus. Le 9 août 2022, Vladimir Saldo, chef de l’administration d’occupation russe de la région de Kherson, est hospitalisé avec des symptômes d’empoisonnement à la ricine. Selon des sources russes, son homologue de la région de Lougansk, Léonid Passetchnik, aurait lui aussi été empoisonné avec des composés phénoliques en décembre 2023.
De nombreux autres attentats, revendiqués par l’Ukraine, ont ciblé des responsables des forces de l’ordre, du parquet et des élus prorusses dans ces zones contestées. Le 4 octobre, Andriï Korotky, cadre de la centrale nucléaire de Zaporijjia occupée par les Russes, est tué dans un attentat à la voiture piégée. Deux mois plus tard, Sergueï Evsioukov, ancien directeur de la prison d’Olenivka soupçonné par Kiev d’avoir maltraité des prisonniers ukrainiens, connaît le même sort.
Si la plupart de ces assassinats ont été attribués aux services secrets ukrainiens par Moscou, ils illustrent l’intensité et la complexité d’un conflit qui se joue aussi bien sur le front que dans l’ombre. Une guerre de l’informations et des assassinats ciblés dont nul ne sait combien de temps elle va encore durer.