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Russie : Vers un Partenariat Étonnant avec les Talibans

Revirement spectaculaire en Russie : les députés ouvrent la voie à une coopération avec les talibans afghans. Un nouveau chapitre dans les relations entre Moscou et Kaboul, aux conséquences encore incertaines pour l'avenir de la région. Décryptage.

C’est un véritable séisme diplomatique qui vient de secouer la Russie et l’Afghanistan. Dans un geste aussi surprenant qu’inattendu, les députés russes ont voté une loi permettant le retrait des talibans de la liste noire des organisations terroristes. Cette décision, lourde de conséquences, ouvre la voie à un rapprochement entre Moscou et le régime de Kaboul, isolé sur la scène internationale depuis son retour au pouvoir en 2021.

Un virage à 180 degrés

Le vote de la Douma marque un tournant radical dans la politique russe vis-à-vis de l’Afghanistan. Pendant des années, Moscou a considéré les talibans comme une menace terroriste, les inscrivant sur sa liste noire dès 2003. Mais aujourd’hui, le vent semble avoir tourné. Selon cette nouvelle loi, l’interdiction d’un groupe sur le sol russe pourra être levée s’il est prouvé qu’il a cessé ses activités terroristes.

Les dessous d’un rapprochement

Derrière ce revirement spectaculaire se cachent des enjeux géostratégiques complexes. Comme l’a souligné le secrétaire du Conseil de sécurité russe lors d’une visite à Kaboul en novembre dernier, la Russie entend renforcer sa coopération avec l’Afghanistan. Un rapprochement qui pourrait permettre à Moscou de retrouver une influence dans cette région clé, au carrefour de l’Asie centrale et du Moyen-Orient.

Les talibans sont des alliés dans la lutte contre le terrorisme.

Vladimir Poutine, président russe, juillet 2024

Pour les talibans, cette main tendue de Moscou représente une bouffée d’oxygène inespérée. Depuis leur prise de pouvoir, ils sont confrontés à un isolement diplomatique et économique qui étouffe le pays. Un assouplissement des sanctions et une reconnaissance internationale, même partielle, pourraient changer la donne.

Des alliés contre le terrorisme ?

Mais ce partenariat en devenir soulève aussi de nombreuses questions. Peut-on réellement considérer les talibans comme des « alliés contre le terrorisme », comme l’a affirmé Vladimir Poutine ? Leur idéologie fondamentaliste et leur bilan en matière de droits humains suscitent le scepticisme de nombreux observateurs.

D’après une source proche du dossier, cette décision serait avant tout pragmatique. Face à l’instabilité chronique de l’Afghanistan, Moscou chercherait à favoriser un dialogue avec le pouvoir en place, aussi controversé soit-il, pour préserver ses intérêts dans la région.

Un pari risqué

Malgré ces calculs stratégiques, le pari russe reste risqué. En tendant la main aux talibans, Moscou s’expose à des critiques sur la scène internationale. Certains y verront un soutien implicite à un régime qui bafoue les libertés fondamentales. D’autres craindront qu’un Afghanistan « normalisé » ne redevienne un sanctuaire pour les groupes jihadistes.

Une chose est sûre : cette ouverture russe marque un nouveau chapitre dans le grand jeu afghan. Un jeu complexe où s’entremêlent enjeux sécuritaires, ambitions géopolitiques et dilemmes éthiques. L’avenir nous dira si ce rapprochement inattendu portera ses fruits ou se révèlera être un mauvais calcul.

En attendant, le monde retient son souffle. Car dans l’échiquier mouvant de l’Asie centrale, chaque coup peut avoir des répercussions imprévisibles. Le vote de la Douma n’est peut-être que le premier acte d’une nouvelle phase du grand jeu afghan, dont nul ne peut encore prédire l’issue.

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