Dans un contexte de pressions croissantes exercées par les milieux d’affaires de l’agrobusiness et de nombreux pays producteurs, le Parlement européen vient de donner son feu vert au report d’un an de la très attendue loi anti-déforestation. Une décision qui suscite l’inquiétude des ONG environnementales, redoutant un affaiblissement de ce règlement ambitieux visant à bannir du marché européen les produits issus de la déforestation.
Un vote sous influence
C’est à une large majorité que les eurodéputés ont approuvé ce mardi le report de l’entrée en vigueur de la loi anti-déforestation, la faisant passer du 30 décembre 2024 au 30 décembre 2025. Un décalage d’un an voulu par la Commission européenne, qui a plié sous la pression conjointe du Brésil, des États-Unis, de l’Allemagne et de puissants lobbys de l’agro-industrie.
En première ligne, les producteurs de cacao, café, soja, huile de palme ou encore de bois, inquiets des coûts supplémentaires engendrés par les nouvelles obligations de traçabilité. Car une fois la loi appliquée, les entreprises importatrices seront tenues de prouver qu’aucune déforestation n’est intervenue après décembre 2020 sur les terres d’où proviennent leurs produits.
Une traçabilité renforcée qui fait peur
Pour y parvenir, un système complexe devra être mis en place, obligeant les agriculteurs, éleveurs et exploitants forestiers à fournir les données de géolocalisation de leurs parcelles. Des informations qui seront recoupées avec des photos satellitaires pour s’assurer qu’aucun arbre n’a été abattu illégalement. Une transparence inédite, perçue comme une contrainte insupportable par une partie du secteur.
La droite tente d’affaiblir le texte
Profitant de l’examen du report, la droite européenne, pourtant initialement favorable à la loi, a tenté d’édulcorer encore davantage le règlement. Par une alliance des voix avec l’extrême droite, elle a fait adopter en novembre la création d’une catégorie de pays « sans risque » exemptés de certaines obligations. Un coup de canif vite écarté par les États membres.
Pour sauver la face, les eurodéputés de droite mettent en avant un engagement, sans valeur contraignante, de la Commission à réduire les lourdeurs administratives. Une maigre consolation au regard des enjeux.
Un « grave retard » pour les ONG
Déçues et en colère, les organisations de défense de l’environnement n’ont pas mâché leurs mots. Greenpeace dénonce un « grave retard » dans la lutte contre la déforestation importée et pointe du doigt la France, qui s’oppose à la ratification de l’accord de libre-échange avec le Mercosur.
« Reporter l’entrée en vigueur de cette loi est déjà un recul en soi. Mais nous craignons par-dessus tout que l’accord avec les pays sud-américains ne lui porte un coup fatal. »
Un responsable de Greenpeace
Pour entrer en application, le texte devra en effet franchir l’obstacle de la ratification par au moins 15 États membres représentant 65% de la population européenne. Puis obtenir la bénédiction, incertaine, du Parlement européen. Un chemin semé d’embûches, au bout duquel plane le spectre d’un nivellement par le bas des ambitions environnementales européennes.
Un report et des concessions qui laissent un goût amer aux défenseurs des forêts, persuadés de la nécessité d’agir vite et fort face à l’urgence climatique. Le temps perdu ne se rattrapera pas, et chaque arbre abattu est un pas de plus vers un avenir plus sombre. L’Europe, si prompte à donner des leçons, semble cette fois avoir du mal à joindre les actes à la parole.
Pour y parvenir, un système complexe devra être mis en place, obligeant les agriculteurs, éleveurs et exploitants forestiers à fournir les données de géolocalisation de leurs parcelles. Des informations qui seront recoupées avec des photos satellitaires pour s’assurer qu’aucun arbre n’a été abattu illégalement. Une transparence inédite, perçue comme une contrainte insupportable par une partie du secteur.
La droite tente d’affaiblir le texte
Profitant de l’examen du report, la droite européenne, pourtant initialement favorable à la loi, a tenté d’édulcorer encore davantage le règlement. Par une alliance des voix avec l’extrême droite, elle a fait adopter en novembre la création d’une catégorie de pays « sans risque » exemptés de certaines obligations. Un coup de canif vite écarté par les États membres.
Pour sauver la face, les eurodéputés de droite mettent en avant un engagement, sans valeur contraignante, de la Commission à réduire les lourdeurs administratives. Une maigre consolation au regard des enjeux.
Un « grave retard » pour les ONG
Déçues et en colère, les organisations de défense de l’environnement n’ont pas mâché leurs mots. Greenpeace dénonce un « grave retard » dans la lutte contre la déforestation importée et pointe du doigt la France, qui s’oppose à la ratification de l’accord de libre-échange avec le Mercosur.
« Reporter l’entrée en vigueur de cette loi est déjà un recul en soi. Mais nous craignons par-dessus tout que l’accord avec les pays sud-américains ne lui porte un coup fatal. »
Un responsable de Greenpeace
Pour entrer en application, le texte devra en effet franchir l’obstacle de la ratification par au moins 15 États membres représentant 65% de la population européenne. Puis obtenir la bénédiction, incertaine, du Parlement européen. Un chemin semé d’embûches, au bout duquel plane le spectre d’un nivellement par le bas des ambitions environnementales européennes.
Un report et des concessions qui laissent un goût amer aux défenseurs des forêts, persuadés de la nécessité d’agir vite et fort face à l’urgence climatique. Le temps perdu ne se rattrapera pas, et chaque arbre abattu est un pas de plus vers un avenir plus sombre. L’Europe, si prompte à donner des leçons, semble cette fois avoir du mal à joindre les actes à la parole.