Alors que la dengue fait rage dans les territoires d’outremer, les autorités sanitaires françaises ont décidé de passer à l’action. Face à la recrudescence des cas et à la pression sur le système hospitalier, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande désormais la vaccination de certains groupes de population particulièrement à risque.
Qui est concerné par ces nouvelles recommandations ?
Selon les directives de la HAS, deux catégories de personnes sont visées par cette campagne de vaccination ciblée :
- Les enfants âgés de 6 à 16 ans ayant déjà été infectés par le virus de la dengue par le passé
- Les adultes de 17 à 60 ans présentant des comorbidités, qu’ils aient ou non des antécédents d’infection
En revanche, la vaccination est contre-indiquée pour les personnes immunodéprimées, les femmes enceintes et celles qui allaitent.
Un vaccin prometteur mais pas sans limites
Le vaccin Qdenga, développé par le laboratoire japonais Takeda, a obtenu une autorisation de mise sur le marché européen fin 2022. S’il a démontré son efficacité chez les jeunes de 6 à 16 ans précédemment infectés, il présente toutefois certaines limites :
- Son efficacité contre les formes sévères de dengue n’a pas pu être prouvée
- Il s’est avéré inefficace contre deux des quatre sérotypes de la maladie chez les personnes n’ayant jamais été infectées
Le schéma vaccinal préconisé consiste en deux injections espacées de trois mois.
Des populations plus ou moins à risque selon les territoires
Si les adultes sont les principales victimes de la dengue à La Réunion et à Mayotte, dans l’océan Indien, les enfants sont aussi durement touchés aux Antilles et en Guyane. Les personnes souffrant de maladies chroniques sont particulièrement exposées aux formes graves, voire mortelles, de la maladie.
Le risque de développer une dengue sévère, qui concerne moins de 5% des cas symptomatiques, est accru par la grossesse et certaines pathologies chroniques
Haute Autorité de Santé
Un fléau en expansion sous l’effet du réchauffement climatique
Endémique dans plus de 130 pays, la dengue ne cesse de gagner du terrain au-delà des régions tropicales et subtropicales. D’après une étude américaine récente, le changement climatique serait responsable de près de 20% des cas. La hausse des températures favorise en effet la prolifération des moustiques vecteurs de la maladie.
Avec près de 13 millions de cas recensés dans le monde sur les huit premiers mois de 2024, soit quasiment le double du précédent record annuel de 2023, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) tire la sonnette d’alarme. La dengue figure d’ailleurs parmi les 17 maladies pour lesquelles l’OMS juge le développement de vaccins prioritaire.
Reconnaître les symptômes et réagir rapidement
Transmise par les piqûres de moustiques tigres infectés, la dengue se manifeste généralement par une forte fièvre et des douleurs musculaires et articulaires. Si l’infection est le plus souvent bénigne, elle peut aussi s’avérer dangereuse, en particulier en cas d’infection antérieure.
En cas de suspicion de dengue, il est crucial de consulter rapidement un médecin. Un diagnostic et une prise en charge précoces permettent de limiter les risques de complications.
Avec cette campagne de vaccination, les autorités sanitaires espèrent endiguer les flambées épidémiques qui mettent à rude épreuve le système de santé ultramarin. Une stratégie ciblée qui vise à protéger les populations les plus vulnérables face à cette menace virale grandissante.