Au cœur de la Syrie meurtrie par des années de guerre, la ville de Maaret al-Noomane tente de renaître de ses cendres. Malgré un paysage de désolation, où pas une rue n’est intacte et où la végétation a repris ses droits entre les murs écroulés, rien ne semble décourager les premiers habitants qui reviennent, déterminés à redonner vie à leur cité martyre.
Le retour des habitants, signe d’espoir
Parmi eux, Bilal Al-Rihani, un pâtissier de 45 ans, a rouvert son échoppe familiale malgré l’absence d’eau et d’électricité. Spécialisée dans les feuilletés à la cannelle depuis 150 ans, sa petite boutique ne désemplit pas, attirant les habitants chassés par la guerre et prêts à se réinstaller pour reconstruire leur foyer. Bilal se réjouit :
Je fais de bien meilleures affaires ici que dans le camp où j’étais déplacé !
Une ville stratégique dévastée
Malheureusement située sur l’axe stratégique de la route M5 reliant Alep à Damas, Maaret al-Noomane a été le théâtre de violents combats dès 2012 entre rebelles et armée régulière. Passée sous contrôle rebelle en 2017 puis reprise en 2020 par le régime appuyé par l’aviation russe, la ville a vu ses quelque 100 000 habitants fuir vers les camps de déplacés. Devenue cité fantôme, elle incarne la dévastation du pays.
Déminage et premiers pas vers la reconstruction
Si les autorités n’encouragent pas encore le retour des habitants par crainte des mines et munitions enfouies sous les ruines, les Casques blancs, héros de la sécurité civile, sont à pied d’œuvre. Au péril de leur vie, ces volontaires œuvrent pour rendre la ville plus sûre. Au carrefour suivant, une autre équipe munie d’un bulldozer évacue les décombres pour dégager les routes, signe encourageant d’un retour progressif à la normale.
Des besoins immenses pour un avenir meilleur
Malgré leur détermination sans faille, les habitants font face à d’innombrables défis. D’après le responsable local Kifah Jaafer :
Il n’y a pas d’école, aucun des services de base. Pour le moment, on essaie de s’organiser pour aider les gens au mieux. Mais il va falloir des efforts et beaucoup d’aide, la ville manque de tout.
Pourtant, rien ne semble arrêter les frères al-Sayid qui s’activent à déblayer les ruines de leur maison effondrée. Ihab, 30 ans, grièvement blessé par un bombardement en 2017, affiche un optimisme communicatif :
Les gens d’ici sont des gens simples, tout ce dont on a besoin, c’est de sécurité. Nous sommes revenus depuis cinq jours pour réparer et revivre ici.
Dans cette ville martyre qui se relève doucement mais sûrement, chaque retour est un acte de courage et de foi en l’avenir. Maaret al-Noomane et ses habitants indomptables incarnent l’espoir d’une Syrie qui renaît de ses cendres, prête à se reconstruire pour offrir des jours meilleurs aux générations futures. Un chemin semé d’embûches mais porté par une détermination sans limite.