Dans un geste diplomatique significatif, la Chine a exprimé mardi sa volonté de travailler main dans la main avec l’Inde pour stabiliser leurs relations bilatérales « dans les plus brefs délais ». Cette déclaration intervient à la veille de pourparlers cruciaux entre les deux géants asiatiques, avec pour toile de fond leurs différends frontaliers persistants.
La Chine et l’Inde, les deux pays les plus peuplés au monde, ont une histoire complexe jalonnée d’accusations mutuelles d’empiètement territorial le long de leur frontière himalayenne contestée. Cette ligne de démarcation officieuse en haute altitude a été le théâtre de nombreux accrochages sporadiques au fil des années, témoignant des tensions sous-jacentes entre ces puissances émergentes.
Cependant, les pourparlers de haut niveau prévus cette semaine, les premiers du genre en cinq ans, laissent entrevoir une lueur d’espoir et un dégel diplomatique tant attendu. Lors d’un point presse régulier, Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a souligné que son pays était prêt à « mettre en œuvre l’important consensus atteint par les dirigeants des deux pays ».
Vers un renforcement de la confiance mutuelle
Pékin entend profiter de ces discussions pour « renforcer la confiance mutuelle par le dialogue et la communication » et « gérer correctement les divergences avec sincérité et bonne foi ». L’objectif ultime étant de « ramener les relations bilatérales sur une voie stable et saine de développement dans les plus brefs délais », a précisé M. Lin.
Ce ton conciliant contraste fortement avec la détérioration marquée des relations sino-indiennes après un violent accrochage en 2020 dans une zone frontalière de l’Himalaya. Cet incident tragique avait coûté la vie à au moins 20 soldats indiens et quatre militaires chinois, ravivant les plaies d’un passé tumultueux.
Des signes de détente
Néanmoins, des signes encourageants de détente sont apparus ces derniers mois. En octobre, New Delhi a annoncé être parvenu à un accord avec Pékin concernant les patrouilles dans les zones disputées. Cette avancée a été suivie peu après par une rencontre entre le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi en marge d’un sommet des Brics, un rare entretien au plus haut niveau.
Des pourparlers décisifs
La Chine a confirmé lundi la tenue d’une réunion mercredi à Pékin entre son ministre des Affaires étrangères, Wang Yi, et le conseiller à la sécurité nationale de l’Inde, Ajit Doval. Ces échanges s’inscrivent dans le cadre d’un mécanisme de discussion bilatéral de haut niveau créé en 2003, celui des « représentants spéciaux » pour les questions frontalières. La dernière réunion de ce type remonte à décembre 2019, soulignant l’importance de cette reprise du dialogue.
Selon le ministère indien des Affaires étrangères, les deux parties aborderont la « gestion de la paix » dans les zones frontalières et « exploreront une solution juste, raisonnable et mutuellement acceptable » à ce délicat dossier. L’enjeu est de taille pour ces deux poids lourds asiatiques, dont la stabilité et la coopération sont essentielles à l’équilibre régional et mondial.
Un avenir prometteur
Si ces pourparlers aboutissent, ils pourraient ouvrir un nouveau chapitre dans les relations sino-indiennes et favoriser une coexistence pacifique entre ces géants. Au-delà de la question frontalière, une meilleure entente entre Pékin et New Delhi pourrait déboucher sur une collaboration renforcée dans de nombreux domaines, de l’économie à la lutte contre le changement climatique en passant par la sécurité régionale.
Les yeux du monde seront rivés sur ces discussions de haut niveau, dans l’espoir qu’elles posent les jalons d’un avenir plus stable et prospère pour ces deux nations millénaires. Car c’est bien de l’avenir de l’Asie, et dans une large mesure de celui de la planète, qu’il sera question lors de ces échanges cruciaux entre la Chine et l’Inde.