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Le Moral des Entrepreneurs Allemands au Plus Bas en Décembre

Le moral des entrepreneurs allemands plonge en décembre, atteignant un plancher historique depuis le début de la pandémie. Un signal alarmant qui fait craindre une faiblesse chronique de l'économie outre-Rhin. Découvrez les derniers chiffres du baromètre IFO et leurs implications.

En cette fin d’année 2024, le moral des entrepreneurs allemands est au plus bas. Selon le dernier baromètre de l’institut IFO, publié mardi, l’indicateur a chuté de manière plus marquée qu’attendu en décembre, atteignant son niveau le plus faible depuis mai 2020, en pleine pandémie mondiale de Covid-19. Un nouveau signe inquiétant de la « faiblesse chronique » de l’économie outre-Rhin.

Une chute brutale qui rappelle les heures sombres de 2020

Basé sur un sondage mené auprès de 9000 chefs d’entreprise, le baromètre IFO est considéré comme un thermomètre fiable de la santé de l’économie allemande. En décembre, il a perdu 0,9 point par rapport à novembre, tombant à 84,7 points. Un décrochage plus important que ce qu’anticipaient les analystes.

Ce niveau n’avait plus été observé depuis le printemps 2020, lorsque l’Allemagne, à l’instar du reste du monde, était entrée dans une profonde récession sous l’effet des premières vagues de coronavirus et des confinements stricts mis en place pour endiguer l’épidémie.

Des perspectives assombries pour 2025

Si la situation sanitaire s’est depuis largement améliorée, le climat des affaires peine à retrouver son niveau d’avant-crise en Allemagne. Les entreprises font aujourd’hui face à une nouvelle tempête avec la flambée des prix de l’énergie provoquée par la guerre en Ukraine, l’explosion des coûts des matières premières et les tensions sur les chaînes d’approvisionnement.

Dans ce contexte morose, les chefs d’entreprise allemands sont de plus en plus pessimistes quant à l’évolution de leurs activités dans les mois à venir. Selon le détail du baromètre IFO, le sous-indice mesurant leurs anticipations a reculé de 1,5 point en décembre, à 77 points, tandis que celui évaluant leur appréciation de la situation actuelle a diminué de 0,3 point, à 93 points.

La faiblesse de l’économie allemande pourrait bien persister plus longtemps que prévu en 2025.

Clemens Fuest, président de l’IFO

L’industrie et les services particulièrement affectés

Presque tous les secteurs d’activité sont touchés par cette vague de morosité, mais certains plus que d’autres. L’industrie manufacturière, pilier de l’économie allemande, a vu son indice chuter de 1,9 point, à 82,9 points. Les entreprises évaluent leur situation actuelle de manière nettement moins favorable et s’attendent à une nouvelle détérioration dans les mois à venir.

Dans les services, la dégradation est également marquée avec un indice en recul de 1,3 point, à 87,3 points. Hôtellerie, restauration, tourisme, transports… autant de branches qui souffrent encore des répercussions de la crise sanitaire et peinent à retrouver leur dynamisme d’antan. Même constat dans le commerce, où la confiance des professionnels s’est effritée de 1,6 point, à 81,2 points.

Le spectre d’une récession en 2025

Cette déprime généralisée des entreprises fait planer le risque d’une récession sur la première économie européenne l’an prochain. Après une croissance estimée à 1,4 % cette année, le gouvernement table sur une progression du PIB limitée à 0,2 % en 2025, un net coup de frein qui pourrait même virer à la contraction si la crise énergétique venait à s’aggraver.

Pour amortir le choc et soutenir son économie, Berlin a débloqué cet automne un plan d’aide massif de 200 milliards d’euros. Une somme qui servira notamment à plafonner les prix de l’électricité et du gaz pour les ménages et les entreprises. Mais cela suffira-t-il à redonner le moral aux entrepreneurs allemands? Rien n’est moins sûr au vu des multiples défis auxquels reste confronté le pays.

En attendant, la consommation des ménages, traditionnel moteur de la croissance outre-Rhin, donne également des signes inquiétants d’essoufflement. Minée par l’inflation galopante, qui a atteint 11,3 % sur un an en novembre, un record depuis la Réunification. Et par l’effondrement du pouvoir d’achat qui en découle.

Un cocktail explosif qui alimente le pessimisme ambiant et fait craindre une véritable spirale dépressive dont l’économie allemande, et européenne, pourraient avoir le plus grand mal à se relever. Les mois à venir seront déterminants pour dissiper, ou au contraire confirmer, ces sombres présages.

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