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L’enfer syrien révélé : Les survivants témoignent des horreurs

Des survivants des prisons syriennes brisent le silence. Leurs récits glaçants révèlent l'ampleur des atrocités commises par le régime de Bachar el-Assad. Un système carcéral qualifié "d'abattoir humain". Jusqu'où ira l'horreur ?

Dans les profondeurs de l’enfer syrien, des voix s’élèvent pour témoigner de l’indicible. Celles des survivants des prisons du régime de Bachar el-Assad, qui ont vécu l’horreur au quotidien. Leurs récits glaçants lèvent le voile sur un système carcéral d’une cruauté sans nom, où la torture et la mort régnaient en maîtres.

Sednaya, l’abattoir humain

Parmi ces lieux de l’enfer, la prison de Sednaya, à 30 km au nord de Damas, s’est forgée une sinistre réputation. Surnommée «l’abattoir humain», elle a vu défiler des milliers de détenus, dont très peu sont ressortis vivants. Mouaz, 39 ans, y a passé sept années de calvaire. Il raconte comment les gardiens lançaient chaque jour un pneu dans le couloir. Lorsque celui-ci s’arrêtait devant une cellule, les geôliers y entraient pour abattre froidement deux ou trois personnes.

Les rescapés comme Mouaz portent dans leur chair et leur âme les stigmates indélébiles de ce qu’ils ont enduré. Des supplices inimaginables, des sévices quotidiens destinés à les briser physiquement et mentalement. Difficile pour eux aujourd’hui de se confronter à nouveau à ces lieux maudits. Pourtant, certains comme Mouaz ont trouvé le courage d’y retourner, pour que la vérité soit connue de tous.

Plus de 100 000 victimes

On estime que le régime sanguinaire de Bachar el-Assad a fait plus de 100 000 victimes dans ses geôles depuis le début de la guerre civile en 2011. Des chiffres qui donnent le vertige et témoignent de l’ampleur des crimes commis. Mais derrière ces statistiques se cachent des histoires individuelles, celles d’hommes et de femmes qui ont vu l’enfer de près.

Chaque jour, on se demandait qui serait le prochain à mourir sous les coups et les tortures. C’était une loterie macabre.

– Ahmad, survivant de la prison de Saidnaya

Pour les rescapés, l’épreuve est loin d’être terminée. Traumatismes psychologiques, séquelles physiques, deuil impossible des compagnons d’infortune disparus… Le chemin de la reconstruction est long et douloureux. Beaucoup se sentent abandonnés, sacrifiés sur l’autel d’intérêts géopolitiques qui les dépassent.

Un combat pour la justice

Malgré tout, ils sont nombreux à vouloir se battre pour que justice soit faite. Car pour eux, pas de paix durable sans que les bourreaux ne répondent de leurs actes devant des tribunaux. Certains ont pris la parole devant des commissions d’enquête de l’ONU ou des juridictions étrangères, au péril de leur vie et de celle de leurs proches restés en Syrie.

Si nous nous taisons, nous trahissons la mémoire de ceux qui ne sont plus là. Notre devoir est de nous battre pour la vérité et la justice.

– Mariam, militante des droits humains syrienne

Un combat de longue haleine, face à un régime syrien qui continue de nier l’évidence et bloque toute enquête internationale indépendante. Mais aussi face à une communauté internationale qui peine à traduire ses condamnations verbales en actes concrets pour juger les criminels.

Maintenir la flamme de l’espoir

Malgré les obstacles, les survivants de l’enfer des prisons syriennes refusent de perdre espoir. Parce qu’ils doivent ce combat à ceux qui n’ont pas eu leur chance. Pour que plus jamais, où que ce soit, des êtres humains ne subissent un tel acharnement à détruire leurs corps et leurs âmes.

Leurs témoignages sont essentiels pour que l’horreur ne sombre pas dans l’oubli et l’indifférence. Pour que le monde regarde en face cette tragédie qui se déroule depuis trop longtemps sous ses yeux. Car comme le disait Elie Wiesel, survivant de l’Holocauste : «l’opposé de l’amour n’est pas la haine, c’est l’indifférence». Soyons aux côtés de ces hommes et de ces femmes qui puisent dans leur douleur une force peu commune pour mener le combat de la dignité humaine.

Face à l’ampleur des révélations, le régime syrien parviendra-t-il encore longtemps à étouffer la voix des victimes ? L’étau de la justice internationale se resserre chaque jour un peu plus sur Bachar el-Assad et ses sbires. Leurs crimes, désormais documentés et portés sur la place publique, finiront tôt ou tard par les rattraper. Puissent les survivants de l’enfer des prisons trouver dans cette perspective la force de poursuivre leur combat pour la vérité et la justice.

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