En ce mardi 17 décembre 2024, les regards sont tournés vers l’Hôtel Matignon où le nouveau Premier ministre François Bayrou s’active pour constituer un gouvernement viable. Nommé la veille par le président Emmanuel Macron, le centriste de 73 ans enchaîne les rendez-vous avec les différentes forces politiques dans un contexte particulièrement tendu.
Des consultations marathon pour rassembler une majorité
Dès sa prise de fonction, François Bayrou a entamé un véritable marathon de consultations. Lundi, il a reçu l’extrême droite, le centre, les socialistes et la droite. Ce mardi, place aux écologistes, au MoDem (son propre parti), à Horizons, aux indépendants de Liot, aux communistes et à Éric Ciotti, ex-LR désormais allié du Rassemblement National.
L’objectif est clair : sonder les différents groupes parlementaires pour identifier des points de convergence et constituer une majorité stable à l’Assemblée nationale. Une gageure alors qu’aucun camp ne dispose de la majorité absolue et que les oppositions sont particulièrement remontées.
Marine Le Pen salue « une méthode plus positive »
La cheffe de file des députés RN Marine Le Pen, reçue dès lundi, a salué « une méthode plus positive » de la part de François Bayrou. Elle a toutefois prévenu qu’elle ne lui signerait pas de « chèque en blanc », même si elle exclut une censure automatique de son gouvernement. Une main tendue d’entrée de jeu qui augure de débats animés dans l’hémicycle.
« On n’est pas sectaire, on n’est pas a priori négatif, on juge un arbre à partir de ses fruits »
Laure Lavalette, députée RN
Les socialistes posent leurs conditions
Du côté du PS, on se montre plus circonspect. Les députés socialistes ont posé comme condition l’abandon du recours au 49.3 en échange d’une non-censure. Une proposition sur laquelle François Bayrou n’a pas apporté de réponse claire, laissant les élus sur leur « faim ».
La suite du programme s’annonce donc chargée et incertaine pour le nouveau locataire de Matignon. Entre revendications des uns et lignes rouges des autres, il va devoir faire preuve de beaucoup de doigté et de persuasion pour espérer bâtir une coalition capable de gouverner.
Cap sur l’Assemblée nationale cet après-midi
Mais le plus dur reste à venir pour François Bayrou. Cet après-midi, il se rendra dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale pour son baptême du feu en tant que Premier ministre. Seul face aux 577 députés, il devra répondre aux questions des présidents de groupe, ses ministres étant démissionnaires.
Un exercice périlleux qui en dit long sur la situation politique inédite à laquelle il est confronté. Celui qui fut député de 2002 à 2012 retrouvera un Palais Bourbon profondément remanié et polarisé, bien loin de l’assemblée qu’il a connue. Sa faculté à convaincre et à négocier des compromis sera mise à rude épreuve.
Emmanuel Macron en retrait
En nommant François Bayrou, Emmanuel Macron a choisi de s’effacer au profit d’une figure de la vie politique française. Un pari osé alors que le pays traverse une crise politique et sociale majeure. Le chef de l’État, critiqué pour son côté solitaire et vertical, tente un nouveau mode de gouvernance.
Reste à savoir si l’ancien ministre de l’Éducation parviendra à imposer sa méthode et à créer du consensus dans une France plus divisée que jamais. Les prochains jours seront décisifs et nous en diront plus sur sa capacité à relever ce défi titanesque. L’avenir du quinquennat en dépend largement.