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Syrie : La Coalition Islamiste Annonce une Dissolution des Factions Rebelles

Changement de cap en Syrie : la coalition au pouvoir annonce la dissolution des factions rebelles et appelle à une levée des sanctions internationales. Quelles implications pour l'avenir du pays après plus d'une décennie de conflit ? Décryptage des enjeux...

Alors que la poussière retombe à peine sur Damas après la chute soudaine du régime de Bachar al-Assad, les nouveaux maîtres de la Syrie, une coalition de groupes rebelles menée par les islamistes d’Hayat Tahrir al-Sham (HTS), s’emploient déjà à tracer les contours d’un avenir post-Assad. Dans une déclaration qui n’est pas passée inaperçue, Ahmad al-Chareh, le chef de HTS anciennement connu sous le nom d’Abou Mohammad al-Jolani, a annoncé que les factions combattantes qui ont renversé le pouvoir en place « seront dissoutes et leurs combattants préparés à rejoindre les rangs du ministère de la Défense ».

Vers une armée unifiée et le respect des minorités

Cette volonté affichée d’unifier les différents groupes armés sous l’autorité d’une armée nationale est un signal fort envoyé par les nouvelles autorités, conscientes des défis immenses qui les attendent pour stabiliser un pays morcelé par plus d’une décennie de guerre civile sanglante. La Syrie est en effet un mosaïque de factions aux allégeances divergentes et de minorités religieuses et ethniques qui craignent pour leur sort après la chute d’Assad, qui s’était posé en protecteur des minorités face à la majorité sunnite.

Pour tenter de rassurer, HTS et le gouvernement de transition ont multiplié les gestes et les déclarations en faveur du respect des droits de tous les Syriens, quelle que soit leur confession. Lors d’une rencontre avec des dignitaires druzes, une minorité qui représente environ 3% de la population, Ahmad al-Chareh a insisté sur la nécessité de préserver l’unité du pays :

« La Syrie doit rester unie, et il faut qu’il y ait un contrat social entre l’Etat et l’ensemble des confessions pour garantir une justice sociale »

Ahmad al-Chareh, chef de HTS

HTS, d’Al-Qaïda au pouvoir

L’arrivée au pouvoir de HTS, un groupe issu d’Al-Qaïda qui tente de se défaire de son image sulfureuse en présentant un visage plus modéré, suscite cependant des interrogations dans les chancelleries étrangères. Si plusieurs pays ont salué la chute d’Assad, ils attendent de voir comment le nouveau pouvoir va traiter les minorités avant de s’engager plus avant. HTS reste d’ailleurs classé comme organisation « terroriste » par plusieurs capitales occidentales.

L’épineuse question des sanctions

Outre la question des minorités, l’autre grand défi des nouvelles autorités sera de redresser une économie syrienne asphyxiée par les sanctions internationales. Lors d’un entretien avec une délégation britannique, Ahmad al-Chareh a souligné « la nécessité de lever toutes les sanctions imposées à la Syrie afin de permettre le retour des réfugiés syriens dans leur pays ». Avec plusieurs millions de Syriens toujours dans les pays voisins ou en Europe, le retour des réfugiés sera en effet crucial pour la reconstruction du pays.

Mais une levée des sanctions, notamment américaines et européennes, ne sera pas chose aisée tant que des zones d’ombre subsisteront sur les intentions réelles de HTS et sa volonté et sa capacité à inclure toutes les composantes de la mosaïque syrienne. Les prochains mois seront donc décisifs pour voir si les promesses se traduisent en actes et si la page de la guerre civile peut enfin être tournée, ouvrant un nouveau chapitre pour la Syrie et les Syriens.

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