Dans un contexte de division et d’instabilité chroniques, l’ONU vient de présenter un nouveau plan ambitieux visant à aider la Libye à sortir de l’impasse politique actuelle. Cette initiative cruciale, dévoilée hier soir par la cheffe par intérim de la Mission d’appui des Nations Unies dans le pays (Manul), Stephanie Koury, a pour objectif principal d’organiser des élections nationales, d’unifier les gouvernements rivaux et de remanier les institutions libyennes. Un véritable espoir de stabilité pour ce pays miné par le chaos et les ingérences étrangères depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.
Un pays divisé entre deux gouvernements rivaux
Aujourd’hui, la Libye se retrouve gouvernée par deux exécutifs qui se disputent le pouvoir : celui reconnu par l’ONU et dirigé par Abdelhamid Dbeibah depuis Tripoli à l’ouest, et un autre basé dans l’est du pays, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar. Cette situation de rivalité politique paralyse le fonctionnement de l’État et empêche toute avancée significative vers la stabilisation et la reconstruction du pays. C’est dans ce contexte de blocage que l’ONU a décidé d’intervenir en proposant ce nouveau plan d’action.
Les grands axes du plan onusien
Le plan présenté par la Manul s’articule autour de plusieurs objectifs prioritaires :
- Organiser des élections nationales pour renouveler la légitimité des institutions
- Unifier les gouvernements rivaux au sein d’un exécutif de consensus
- Remanier en profondeur les institutions étatiques paralysées
- Développer une vision nationale unifiée pour l’avenir du pays
Pour atteindre ces buts ambitieux, l’ONU entend superviser un dialogue inter-libyen inclusif associant toutes les parties prenantes : dirigeants politiques, représentants de la société civile, chefs de tribus, etc. L’objectif est de parvenir à un consensus le plus large possible sur les réformes institutionnelles à mener et le processus électoral à mettre en œuvre.
Un calendrier électoral encore flou
Si les grandes lignes du plan onusien semblent claires, de nombreuses incertitudes demeurent quant à sa mise en application concrète, en particulier concernant le calendrier des futures élections. Des élections présidentielle et législatives étaient initialement prévues en décembre 2021, mais elles avaient dû être reportées sine die en raison de profondes divergences entre les camps rivaux. Stephanie Koury n’a pas souhaité s’avancer sur une nouvelle date, préférant donner la priorité au dialogue national.
Le succès des récentes élections locales montre que les difficultés à organiser un scrutin national ne sont pas d’ordre logistique mais politique.
Taher al-Sonni, ambassadeur de la Libye auprès des Nations Unies
Ces élections locales, comme celles qui se sont tenues en novembre dernier à Misrata (3ème ville du pays), prouvent selon le diplomate libyen que le peuple est prêt à s’exprimer dans les urnes. Les obstacles seraient donc avant tout liés aux luttes de pouvoir entre factions rivales.
Des ingérences étrangères qui compliquent la donne
Autre défi majeur pointé par l’ONU : les ingérences étrangères qui ne cessent de déstabiliser la Libye. Même si Stephanie Koury s’est gardée de citer nommément des États, plusieurs puissances régionales sont régulièrement accusées de souffler sur les braises de la discorde en armant et en finançant les factions rivales : Turquie, Égypte, Émirats arabes unis, Russie… Chacun cherche à étendre son influence sur ce pays stratégique, au mépris des aspirations du peuple libyen à la paix et à la souveraineté.
Malgré la complexité, l’espoir demeure
En dépit de ces immenses défis, la cheffe de la Manul veut croire en l’avenir de la Libye, soulignant son « potentiel pour devenir un phare de stabilité et de prospérité pour la région méditerranéenne et au-delà ». Un optimisme prudent partagé par de nombreux analystes, qui estiment que ce nouveau plan onusien offre une opportunité à saisir pour sortir le pays de l’ornière.
Mais le chemin sera long et semé d’embûches. Il faudra toute la volonté et le courage des dirigeants libyens, ainsi qu’un soutien international sans faille dans la durée, pour permettre à ce grand pays de retrouver la paix et la concorde après une décennie de violences et de déchirements. L’espoir demeure néanmoins permis, à condition que l’intérêt supérieur de la nation l’emporte enfin sur les égoïsmes partisans et les ingérences étrangères. Un immense défi, mais aussi une ardente obligation, pour redonner un avenir à la Libye et à son peuple.