C’est une page qui se tourne pour Northvolt. Après des mois de suspens et d’incertitudes, l’enquête sur le décès de trois de ses employés vient de livrer ses conclusions. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles sont rassurantes pour le fabricant suédois de batteries électriques.
La piste de l’exposition à une substance dangereuse écartée
Tout a commencé il y a six mois, quand trois salariés de l’usine géante de Northvolt à Skelleftea, dans le nord de la Suède, sont décédés coup sur coup. Un timing troublant qui a immédiatement fait naître des soupçons. La police suédoise s’est alors saisie du dossier pour déterminer si ces drames pouvaient être liés à leurs conditions de travail.
Mais après une enquête approfondie, notamment sur le dernier cas en date, les autorités sont formelles : rien n’indique que ces décès résultent d’une « exposition à une substance dangereuse », selon Johan Stabbfors, responsable des crimes environnementaux pour la région nord. Des analyses poussées ont été menées sur les matériaux avec lesquels le dernier employé décédé avait pu être en contact, sans révéler d’anomalie.
Des tests négatifs pour les deux autres cas
Si des examens moins détaillés avaient été réalisés pour les deux premières victimes, ils s’étaient eux aussi révélés négatifs. Pour la police, il n’y a donc aucun lien entre ces tragédies. « Lorsque nous nous sommes occupés de ces trois cas, c’était pour voir s’ils avaient un lien entre eux, mais comme ce troisième cas montre qu’il n’y a pas de lien, les soupçons pour les autres cas tombent également », a déclaré Johan Stabbfors.
L’hypothèse d’une mort naturelle privilégiée
Si les forces de l’ordre excluent donc tout acte criminel, elles admettent n’avoir pas pu déterminer la cause exacte de ces décès. Pour le dernier en date, l’analyse pencherait toutefois vers une mort naturelle, sans plus de précisions à ce stade. Une annonce qui devrait permettre à Northvolt de souffler un peu.
Northvolt veut tourner la page
Dans un communiqué, l’entreprise a en effet estimé que les conclusions de la police « confirment les résultats des enquêtes internes, qui ne montrent pas de lien avec le lieu de travail ». Northvolt a ajouté espérer que cela permettra à ses équipes et aux proches des victimes « de tourner la page » et « mettra un terme aux spéculations et rumeurs » qui ont pu circuler ces derniers mois.
Des difficultés persistantes malgré tout
Car parallèlement à cette affaire, le géant scandinave traverse une mauvaise passe. Considéré il y a peu comme un des grands espoirs européens face à la Chine et aux États-Unis sur le marché des batteries, il a dû se placer sous la protection de la loi sur les faillites aux États-Unis fin 2022. En cause : des difficultés à suivre le rythme effréné de la demande.
Pour redresser la barre, Northvolt a annoncé en septembre dernier un plan social de grande ampleur, avec la suppression de 1600 postes, soit un quart de ses effectifs. Son site principal de Skelleftea a aussi vu ses projets d’extension gelés. Des mesures insuffisantes toutefois pour rassurer certains de ses partenaires clés, à l’image de Volvo ou Volkswagen.
L’avenir de Northvolt en question
Au-delà de l’aspect humain, c’est donc tout l’avenir de Northvolt qui pourrait se jouer dans les prochains mois. Si le dénouement de l’enquête sur les décès de ses salariés lui enlève certainement une épine du pied, le chemin reste semé d’embûches pour cette entreprise créée en 2016 par deux anciens de Tesla.
Dans un marché des véhicules électriques en plein boom mais extrêmement concurrentiel, saura-t-elle trouver les ressources pour tenir son rang et répondre aux immenses attentes placées en elle ? Ses investisseurs, au premier rang desquels figurent des mastodontes comme Goldman Sachs et Volkswagen, y croient encore. Mais l’heure n’est plus aux rêves de grandeur pour Northvolt, qui va devoir prouver sa résilience.