Plus d’une semaine après avoir été destitué du pouvoir en Syrie, Bachar al-Assad sort de son silence. Dans un communiqué publié depuis Moscou ce lundi, l’ex-président syrien renversé dément avoir fui son pays de manière « préméditée » et qualifie les nouveaux dirigeants de « terroristes ».
Un départ précipité mais pas prémédité selon Assad
Contrairement à certaines allégations, Bachar al-Assad affirme que son départ de Syrie « n’était pas prémédité et n’a pas non plus eu lieu durant les dernières heures de la bataille ». Il soutient être resté à Damas, « accomplissant [son] devoir jusqu’au dimanche 8 décembre à l’aube ».
Selon lui, c’est à la demande insistante de Moscou qu’il a dû quitter précipitamment le pays le 8 décembre au soir, alors que la base russe de Hmeimim où il s’était réfugié était attaquée par des drones et que la situation sur le terrain se détériorait. « Sans aucun moyen viable de quitter la base, Moscou a exigé une évacuation immédiate vers la Russie », explique-t-il.
Les nouveaux dirigeants syriens qualifiés de « terroristes »
Dans son communiqué, l’ancien homme fort de Damas n’épargne pas ses successeurs, affirmant que la Syrie est désormais « aux mains des terroristes ». Il fait ici référence à la coalition rebelle dominée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et son chef Abou Mohammad al-Jolani, qui a pris le contrôle de la capitale.
Si HTS affirme avoir rompu avec le jihadisme, l’organisation reste classée comme « terroriste » par plusieurs pays occidentaux dont les États-Unis. Washington a néanmoins indiqué dimanche avoir établi « un contact direct » avec le nouveau pouvoir à Damas, signe d’un début de reconnaissance internationale.
Une guerre dévastatrice qui a fait plus d’un demi-million de morts
Le renversement de Bachar al-Assad marque un tournant majeur dans le conflit syrien qui a éclaté en 2011. Pendant plus de 10 ans, Assad a dirigé le pays d’une main de fer, réprimant dans le sang les manifestations pro-démocratie.
Cette guerre a été d’une violence inouïe, faisant plus de 500 000 morts, dévastant le pays et poussant à l’exil environ 6 millions de Syriens, soit un quart de la population. Un bilan humain et matériel désastreux.
Des révélations qui risquent de faire des vagues
Les déclarations de Bachar al-Assad depuis son exil moscovite ne manqueront pas de susciter de vives réactions. En niant le caractère prémédité de sa fuite et en accusant ses successeurs d’être des « terroristes », l’ex-raïs jette de l’huile sur le feu.
Ses propos sont de nature à compliquer la tâche des nouveaux dirigeants syriens, qui cherchent à asseoir leur légitimité et à obtenir une reconnaissance internationale. Ils pourraient aussi raviver les tensions entre les différentes factions qui composent la coalition au pouvoir.
Une chose est sûre : le dernier mot de cette crise n’a pas encore été dit. Les révélations de Bachar al-Assad ouvrent un nouveau chapitre dans l’interminable et douloureuse saga syrienne. Un chapitre dont il faudra suivre les développements avec la plus grande attention dans les semaines et mois à venir.
Car au-delà des déclarations et des manœuvres politiques, c’est l’avenir de millions de Syriens meurtris par une décennie de guerre qui est en jeu. Un avenir qui, malgré la chute d’Assad, reste encore bien incertain et semé d’embûches. La communauté internationale aura un rôle crucial à jouer pour accompagner le pays vers la paix et la stabilité.