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L’UE sanctionne des agents russes pour attaques hybrides

Pour la première fois, l'UE sanctionne des agents russes pour attaques hybrides sur son sol. Au menu : gel des avoirs et interdiction de voyager pour des membres du renseignement militaire et des entités de désinformation. Mais la Russie n'a pas dit son dernier mot...

L’Union européenne a franchi un cap dans sa lutte contre les ingérences russes en annonçant lundi une première salve de sanctions contre des agents et entités de Moscou. Au cœur des accusations : des « attaques hybrides » visant à déstabiliser les pays membres par le sabotage, la désinformation et même des tentatives d’assassinat.

16 individus et 3 entités dans le collimateur

Parmi les cibles de ces sanctions sans précédent figurent l’unité 29155 du GRU, le redoutable service de renseignement militaire russe. D’après une source proche du dossier, cette unité serait impliquée dans de multiples actions subversives à travers l’Europe, allant d’attentats à la bombe à des cyberattaques de grande ampleur.

Au total, 16 individus et 3 entités sont visés par ce premier train de mesures punitives, qui comprend un gel de leurs avoirs dans l’UE ainsi qu’une interdiction de se rendre sur le territoire de l’Union. Les entreprises européennes ont également l’interdiction de financer ces personnes et organisations.

Inquiétudes sur l’influence russe en Afrique

Au-delà des frontières européennes, Bruxelles s’alarme aussi de la montée en puissance de Moscou sur le continent africain. Deux entités sont particulièrement dans le viseur :

  • Le « Groupe panafricain pour le commerce et l’investissement », accusé de mener des campagnes de désinformation au profit du Kremlin, notamment en République centrafricaine et au Burkina Faso.
  • L’agence « African initiative », pointée du doigt pour propager la « propagande » et la « désinformation » russe à travers l’Afrique.

Deux agents russes de haut rang sont également sanctionnés, dont Artem Kureev, un cadre du GRU soupçonné d’avoir repris les opérations du sulfureux groupe Wagner sur le continent après la mort de son chef Evgueni Prigojine.

La désinformation numérique dans le collimateur

La campagne « Doppelganger », une vaste opération de désinformation en ligne attribuée à la Russie, est elle aussi ciblée. Sofia Zakharova, cheffe du département Information et Technologies de la communication du Kremlin, se retrouve sous sanctions pour son rôle présumé.

Les sites Doppelganger imitent des médias occidentaux dans l’UE et ailleurs pour mettre en avant un narratif pro-russe autour de l’Ukraine.

Une source européenne

Des provocations jusqu’en France ?

Signe que les tentatives de déstabilisation russes n’épargnent aucun pays, un homme d’affaires moldave est lui aussi sanctionné. Il est soupçonné d’avoir envoyé en France des ressortissants moldaves pour taguer des étoiles de David à Paris en octobre dernier, peu après une attaque du Hamas contre Israël.

L’objectif, selon des sources sécuritaires : attiser les tensions entre les communautés juive et musulmane dans l’Hexagone, qui abrite les plus grandes populations des deux confessions en Europe.

L’UE contre-attaque, mais la partie est loin d’être gagnée

Avec ces sanctions, l’Union européenne entend montrer sa détermination face aux manœuvres de plus en plus agressives de Moscou. Mais les experts avertissent que la réponse devra être à la hauteur du défi posé par un Kremlin rompu aux guerres de l’ombre.

C’est un premier pas important, mais il faudra faire beaucoup plus pour contrer la menace hybride russe. Moscou a de l’avance et de l’expérience dans ce domaine.

Analyse un spécialiste du renseignement

Une chose est sûre : dans cette guerre de l’information et de l’influence qui se joue de l’Europe à l’Afrique, la Russie n’a pas dit son dernier mot. Et l’UE devra muscler son jeu si elle veut espérer reprendre la main.

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