Les Comores sont en deuil. Suite au passage dévastateur du cyclone Chido sur l’île française de Mayotte samedi dernier, le président comorien Azali Assoumani a décrété lundi une semaine de deuil national sur l’ensemble du territoire. Les autorités françaises redoutent un bilan humain très lourd, de l’ordre de plusieurs centaines de morts, principalement dans les bidonvilles où vivent de nombreux ressortissants comoriens.
Mayotte, ancienne colonie française rattachée à la France par deux référendums en 1974 et 1976 lors de l’indépendance des Comores, reste au cœur d’un conflit de souveraineté latent entre les deux pays. Située à seulement 70 km des côtes comoriennes, l’île attire chaque année des milliers de migrants clandestins fuyant la pauvreté, qui tentent la traversée à bord d’embarcations de fortune surnommées « kwassa kwassa ».
Un cyclone d’une intensité inédite
Avec des rafales de vent dépassant les 220 km/h, le cyclone Chido est le plus violent qu’ait connu Mayotte depuis 90 ans. Classé en catégorie 4 sur une échelle de 5, il a balayé l’île de part en part, causant des dégâts considérables, en particulier dans les zones d’habitat précaire où s’entassent les migrants en situation irrégulière.
Tous les bidonvilles sont couchés, ce qui laisse augurer un nombre considérable de victimes.
Une source proche des autorités françaises
Selon des sources proches du dossier, peu d’habitants des bidonvilles auraient rejoint les centres d’hébergement mis en place avant l’arrivée du cyclone, par peur des contrôles d’identité. Sur les 320 000 habitants officiels de Mayotte, on estime qu’entre 100 000 et 200 000 personnes supplémentaires y vivent clandestinement.
L’immigration comorienne en question
Cette tragédie remet une nouvelle fois en lumière l’épineuse question de l’immigration comorienne à Mayotte. Devenu département français en 2011, ce petit archipel de 370 km2 fait figure d’eldorado pour nombre de Comoriens, confrontés à une grande pauvreté dans leur pays d’origine. Selon les statistiques officielles, la moitié de la population mahoraise est d’origine étrangère, à 95% comorienne.
Mais ces chiffres ne tiennent pas compte des nombreux clandestins vivant dans des conditions très précaires, souvent dans des bidonvilles insalubres et surpeuplés. Une situation explosive, source de tensions récurrentes entre communautés et avec les autorités françaises, régulièrement accusées de laxisme dans la lutte contre l’immigration illégale.
Le rôle crucial de la diaspora
Pour les Comores, pays parmi les plus pauvres au monde, les transferts d’argent de la diaspora, notamment depuis la France, représentent une manne financière indispensable. Marseille, où s’installent de nombreux Comoriens, est parfois surnommée la « cinquième île » de l’archipel. Cette diaspora, endeuillée par le drame, devrait se mobiliser pour venir en aide aux sinistrés.
Au-delà de l’émotion suscitée par cette catastrophe, ce nouveau drame illustre une fois de plus la complexité des relations franco-comoriennes. Entre aide au développement, coopération sécuritaire et gestion des flux migratoires, Paris et Moroni peinent à trouver un équilibre, sur fond de querelle de souveraineté jamais résolue sur Mayotte. Le lourd tribut payé par la communauté comorienne lors du passage de Chido pourrait relancer le débat.