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Les Occidentaux renouent le dialogue en Syrie face aux risques de chaos

Les Occidentaux reprennent langue avec le nouveau pouvoir syrien, bien décidés à éviter le chaos dans un pays longtemps aux mains de la Russie et de l'Iran. Une course diplomatique s'engage pour établir un dialogue, malgré la méfiance envers le groupe islamiste HTS à la tête de la rébellion...

Alors que la situation régionale reste inflammable, les pays occidentaux sont bien déterminés à renouer le dialogue avec le nouveau pouvoir syrien. L’enjeu : éviter à tout prix que la Syrie ne sombre dans le chaos, après avoir été longtemps sous l’influence de la Russie et de l’Iran. Une véritable course contre la montre diplomatique s’engage.

Des contacts prudents mais nécessaires

Du côté occidental, c’est l’heure des premiers contacts, même si la méfiance reste de mise vis-à-vis de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), le groupe islamiste à la tête de la rébellion qui a renversé Bachar al-Assad. Encore classé comme « terroriste » par plusieurs capitales, dont Washington, HTS affirme pourtant avoir rompu avec le jihadisme.

Mais au-delà des réticences, les Occidentaux ont bien conscience qu’il faut se plier à la réalité politique du terrain. « Il y a manifestement une course à celui qui établira le contact le plus vite », note un ex-diplomate français de l’IFRI. L’objectif : faire en sorte que la Syrie, véritable épicentre du Moyen-Orient, ne sombre pas dans un chaos total.

L’Europe et les États-Unis sur le pont

Dès lundi, l’émissaire européen prendra le chemin de Damas tandis que les États-Unis ont d’ores et déjà établi un contact avec le nouveau pouvoir syrien. La France prévoit également l’envoi d’une délégation diplomatique dès mardi.

Au programme : reprendre possession des emprises françaises sur place, établir de premiers contacts avec les nouvelles autorités et évaluer les besoins humanitaires urgents de la population. L’Espagne a aussi annoncé la nomination prochaine d’un envoyé spécial.

Les Européens ont attendu la réaction américaine qui les a encouragés à franchir le pas.

Hasni Abidi, directeur du Centre d’études sur le monde arabe et méditerranéen

La crainte d’une fragmentation du pays

Au-delà de la menace islamiste, les diplomates redoutent une implosion de la Syrie, déjà fragmentée. Le pays pourrait connaître les « scénarios terrifiants » de l’Irak, de la Libye et de l’Afghanistan, a prévenu la cheffe de la diplomatie européenne.

L’Europe et les États-Unis disposent de leviers pour pousser les nouveaux dirigeants syriens vers une transition politique. L’aide financière à la reconstruction et la levée éventuelle des sanctions figurent parmi les options.

Chaque pays a son agenda

Mais derrière l’apparente unité de façade, chaque État a ses propres préoccupations. Pour la France, il s’agit notamment de sonder les nouveaux maîtres de Damas sur le sort de la centaine de ressortissants français qui ont rejoint les groupes jihadistes en Syrie.

Du côté américain, la principale inquiétude porte sur la future relation entre la Syrie et Israël. Un autre enjeu majeur pour les Occidentaux sera de contrer l’influence de la Turquie, qui pourrait être tentée de s’appuyer sur certaines factions syriennes pour éloigner les Kurdes de sa frontière.

Le pari d’une transition réussie

En dépit des obstacles, les pays occidentaux veulent croire en la possibilité d’une transition politique en Syrie. Ils comptent pousser pour un processus inclusif, soutenu par l’ONU mais piloté par les Syriens eux-mêmes.

Le défi est immense mais crucial pour la stabilité de toute la région. Et le temps presse. Il faudra convaincre rapidement les nouveaux dirigeants syriens de s’engager sur la voie de la modération et du dialogue. Tout en restant vigilants et prêts à réagir en cas de dérive.

La partie s’annonce serrée mais l’avenir de la Syrie et de tout le Moyen-Orient en dépend. Les Occidentaux le savent : il n’y aura pas de seconde chance. Il faudra manœuvrer avec habileté dans ce nouveau paysage politique pour transformer cette crise en opportunité de paix.

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